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de l’Allemagne. L’Allemagne avertie sera en mesure de se reconstituer selon ses traditions et dans le respect de sa nationalité, avec le consentement de l’Europe, sauf à donner à celle-ci de sérieuses garanties.

L’Allemagne, articulée à l’Europe, permettra la fondation tant désirée d’une Société des peuples, ayant pour organe un parlement des États européens. Cette fondation, délibérée dans une assemblée libre, sera composée d’un pouvoir législatif, d’un pouvoir exécutif et d’un pouvoir judiciaire ou juridique.

Ainsi la guerre aura réalisé, à la fois, le châtiment, la réparation et la sanction. Une Europe organisée, une Europe meilleure sera le résultat de celle crise terrible. Tant de sang versé ne l’aura pas été en vain.

Je ne puis pas faire un pas de plus maintenant. Je crois à une bonne volonté universelle ; je crois à des idéaux nobles et encore surélevés par le calvaire de la présente guerre ; je crois à la force des hommes quand la foi et la patience les soutiennent ; je crois à la noblesse des âmes, c’est-à-dire à la bonté de Dieu. Cette guerre aurait donc produit un pareil résultat ! L’Europe pourrait sceller cette paix ! Manière vraiment supérieure et profondément humaine de transformer le mal en bien. L’empereur Guillaume pourrait répéter, une fois de plus, son naïf et terrible aveu : « Je n’ai pas voulu cela ! »


GABRIEL HANOTAUX.