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Á PROPOS
DE
LA FOIRE DE FEZ

Une foire vient de s’ouvrir dans la capitale officielle du Maroc : le populaire de Fez est, paraît-il, en liesse depuis quelques jours. Nul doute que cette nouvelle, publiée et commentée par un certain nombre de journaux, n’ait réjoui le cœur de beaucoup de Français, de tous ceux qui sont sortis de leur pays et qui souhaitent à la France et à leurs compatriotes de sortir toujours davantage. Sous les brumes et les pluies désolantes de cet automne parisien, ç’a été comme un coup de soleil pour les imaginations éprises des splendeurs africaines ou orientales ; et, pour ceux qui seraient tentés de se laisser aller à l’obsession des tristesses et des angoisses présentes, cette nouvelle, confirmant l’indéfectible vitalité de la France jusque dans les parties les plus neuves de son empire colonial, croit être un gage d’espérance et un réconfort.

Eh quoi ! dira-t-on, de si grands mots à propos d’une foire ?… Oui, mais c’est une foire française en pays pacifié et protégé par nos armes, — en pays conquis, comme nous savons conquérir, c’est-à-dire convié par nous à la discipline la plus humaine et la plus intelligente, en même temps que la plus ferme, — espérons-le ! Quelle joie et quel orgueil d’être des conquérans de cette espèce, lorsqu’il en est tant d’autres par le monde ! Surtout pour l’organisateur de cette fête, de cette manifestation à la fois économique et patriotique, pour le