Page:Revue des Deux Mondes - 1916 - tome 36.djvu/316

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

prince Napoléon a succombé à une maladie vive et au-dessus des efforts de l’art : cette vérité doit adoucir les regrets même des auteurs de ses jours.

« La Reine, d’auprès de laquelle je sors, m’a vu avec un saisissement que j’avais prévu, mais qui a bientôt fait place au calme, à la confiance qui le suit et qui m’a permis de lui parler le langage de la raison qu’elle connaît si bien et qu’elle a bien entendu aussi. Sa position morale est douloureuse, mais elle s’adoucira ; quant à la santé, il n’y a rien à craindre pour elle, j’ose l’affirmer à Votre Majesté, et dans la triste mission que j’ai accomplie, je me trouve encore heureux de pouvoir donner à Votre Majesté l’assurance que la Reine se porte autant bien qu’il est possible et qu’elle vivra longtemps sans doute pour le bonheur des siens. Permettez-moi, madame, de vous parler du mien, en vous annonçant, parmi de tristes catastrophes, cette heureuse nouvelle.

« Je suis, etc.

Signé : « CORVISART. »


8 mai 1807.

L’Impératrice, après quelques hésitations, car elle craint de déplaire à l’Empereur en voyageant, même dans l’Empire, sans y être autorisée, part le 10 au matin de Saint-Cloud pour Laeken, où elle arrive le 14 à dix heures du soir. Elle ne passe point la frontière, n’en ayant pas permission. Hortense, que Caroline a relancée, se décide le même jour à venir retrouver sa mère à Laeken, où elle arrive le 16 à une heure du matin avec son mari. Celui-ci repart pour La Haye durant que sa femme et sa belle-mère rentrent à Malmaison. Les lettres de Louis à sa belle-mère (en particulier du 20 mai) montrent qu’il éprouve alors pour sa femme un réveil d’affection et une effusion de pitié.

L’Impératrice rentre le 23 à Saint-Cloud avec sa fille qui part le 24 pour Bagnères. Trois, jours après, elle écrit à son fils :


A Saint-Cloud, le 27 mai (1807).

« J’ai bien souffert, mon cher Eugène, et ton cœur aura senti tous mes chagrins. Tu sais dans quel état ma pauvre Hortense est arrivée au château de Laeken. Pendant plusieurs jours j’ai craint pour elle, mais, en revenant à Malmaison, elle a