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elles ont été arrêtées par une violente canonnade venant des hauteurs de Lunéville, canonnade rendue possible par l’arrêt de la progression sur Flainval.

Au Nord, la 70e division de réserve, qui avait comme objectif les hauteurs au Nord de Courbessaux, se trouve mal engagée, elle ne peut pas déboucher. Une de ses brigades, la 140e, avait passé la nuit dans le petit village de Courbessaux. L’ennemi occupait les collines et le bois au Nord. Le 25 au matin, le mouvement offensif commença en colonnes par quatre et la brigade déboucha du village en lignes de sections. Mais l’ennemi, averti et aux aguets, avait massé sur la lisière du bois de nombreuses mitrailleuses : l’offensive fut arrêtée net par leur tir meurtrier. Heureusement, un commandant d’artillerie réussit à mettre rapidement en batterie, prit sous son feu six bataillons allemands qui tentaient de déboucher et en fit, à distance très courte, une véritable hécatombe. Dans la soirée, des forces fraîches allemandes entrèrent dans Courbessaux, attaquèrent le bois de Crévic, mais subirent de très lourdes pertes. Pendant trois heures, 70 canons français tirèrent sur elles sans discontinuer.

La 70e division de réserve, ayant éprouvé un échec au Nord d’Hoéville, avait été obligée de se retirer sur la forêt de Champenoux où elle s’installa. Les 34e et 35e brigades du 9e corps se repliaient aussi. Le soir, toutes ces troupes tenaient, par leurs avancées, la lisière Est des forêts de Champenoux et de Saint-Paul, Buissoncourt et les hauteurs en arrière. En sens contraire, — ce qui est arrivé souvent au cours de cette guerre, par suite de l’invisibilité réciproque du champ de bataille, — l’ennemi, craignant une reprise d’offensive française, se retirait de son côté. Ainsi, dans chaque camp, on s’éloignait.


Réméreville, mardi 25 août. (C’est là que combat la 34e brigade du 9e corps (114e et 125e). — Dès le matin, le canon tonne et c’est le nôtre. Les pièces sont en batterie dans les prés, derrière nos jardins. Les Allemands semblent les viser, car les coups qui tombent, peu nombreux, sur le village, sont les coups trop courts. Tout le monde est content d’entendre notre canon taper si fort. Déjà les cuisiniers s’installent dans nos cuisines ou à l’abri derrière les maisons et préparent la soupe qu’ils porteront à la tombée de la nuit aux camarades sur la ligne de feu.

Pendant toute la matinée, les blessés passent, allant à l’ambulance. Certains marchent avec peine, s’appuyant sur leur fusil ou à l’épaule d’un camarade ; ils disent que, sur le champ de bataille, nombreux sont ceux