Page:Revue des Deux Mondes - 1916 - tome 35.djvu/844

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

L’outillage chirurgical s’est aussi développé de la façon la plus heureuse : instrumens, installations radiographiques, salles d’opérations, dont beaucoup ont été fournies à l’armée par l’intelligente générosité de nombreux donateurs français et étrangers. L’instruction de plus en plus grande et l’éducation chirurgicale de plus en plus parfaite des infirmières de la Croix-Rouge, sont aussi pour beaucoup dans les résultats obtenus.

Il n’est pas jusqu’aux discussions dans les Sociétés scientifiques, au premier rang desquelles il faut mettre la Société de Chirurgie de Paris, qui n’aient eu leur action bienfaisante en fixant certains points de doctrine, très discutés ou mal élaborés avant la guerre, et qui, maintenant, sont acceptés de tous. Des réunions chirurgicales, des conférences ont également lieu aux armées, et ainsi se sont constitués de véritables foyers scientifiques, dont l’influence s’exerce sur les actes d’un grand nombre de chirurgiens.

Enfin, la création des chirurgiens de secteur, pour la plupart jeunes et pleins de talent, et qui étendent leur autorité scientifique et professionnelle sur toute une région, a rendu de très grands services. Un certain nombre d’entre eux, grâce à l’assistance d’un médecin radiographe devenu leur collaborateur immédiat, ont acquis une expérience et une habileté remarquables dans l’extraction des corps étrangers : La chirurgie du crâne et du cerveau, la chirurgie des fractures, la chirurgie des nerfs et des articulations, la chirurgie du poumon même ont donné lieu à de nombreux travaux d’où sont sortis des perfectionnemens certains qui se répandent de plus en plus parmi les chirurgiens du front comme parmi ceux de l’arrière, et dont bénéficient chaque jour les blessés innombrables qui donnent leur sang pour la France !


Je voudrais que cette étude où je me suis efforcé de donner une idée de la chirurgie de guerre, de ses émotions, de ses dangers et des difficultés qui l’entourent, laissât à ceux qui voudront bien la lire jusqu’au bout une impression de réconfort et d’espérance. Sans doute nous sommes tous douloureusement affectés par les trop nombreux mutilés que nous rencontrons chaque jour : amputés de bras et de jambe, blessés atteints d’ankyloses, de rétractions musculaires et tendineuses, de