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Je ne serais pas plus tendre. Fi ! vous en faites des risées. Adieu, mon amie, j’ai fait hier attaquer la croisière anglaise ; tout a bien été.

« NAP. »


On a remarqué l’annonce de la rupture du mariage du prince de Bade. Le prince devait épouser la fille aînée du premier lit du roi de Bavière et cette allusion montre assez que Joséphine et son fils étaient également au courant de la mission confiée à M. de Thiard, chambellan de l’Empereur, qui parcourait les cours d’Allemagne en quête de princesses à faire épouser aux Napoléonides, en même temps que de jeunes princes à unir à des parentes ou des alliées de la famille. De cette mission matrimoniale devaient résulter trois mariages : du prince de Bade avec Stéphanie de Beauharnais, du prince Eugène avec Auguste de Bavière, du prince Jérôme Napoléon avec Catherine de Wurtemberg.

Et ces trois mariages furent heureux !

Malgré les promesses qu’elle a faites à son fils de lui écrire toutes les semaines, un mois presque entier se passe avant qu’elle écrive. Il faut qu’elle soit rentrée de Plombières, ce qui est le 13 fructidor (31 août). Elle va directement à Malmaison d’où elle écrit le 14 ou le 1.5 (1er ou 2 septembre). L’Empereur revient de Boulogne le 16 seulement. Mme Murat est allée l’y rejoindre. C’est le moment le plus actif de son intrigue et aussi de sa faveur, de sa lutte contre Joséphine et de ses prévenances pour Napoléon ; elle excelle à chercher les moyens de lui plaire et elle ne manque pas de s’en faire récompenser [1]. Joséphine écrit [2] :


14 ou 15 (?) fructidor an XIII (1er ou 2 septembre 1805).

« J’ai vu avec grand plaisir, mon cher fils, M. Bataille [3], J’ai été bien heureuse de pouvoir causer avec détail de toi et de tout ce qui t’intéresse. Il te dira que le courtisan Murat et sa femme n’ont rien négligé auprès de l’Empereur pendant mon absence pour jouir encore d’avantages plus grands ; ils ont bien tort,

  1. Je me permets de renvoyer ici à mon livre : Napoléon et sa famille, t. III, page 49.
  2. La lettre n’est pas datée, mais, à un jour près, on ne peut s’y tromper.
  3. Aide de camp de confiance du prince Eugène ; Auguste Nicolas Bataille, baron de l’Empire sous le nom de bataille de Tancarville, suivit son maitre en Bavière et y devint maréchal de camp et chambellan du Roi.