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Sarrail qui, eux, pèsent sur le front allemand dans la direction Contrisson-Mognéville.

La situation semble rétablie. A cette heure, la bataille qui se termine à notre avantage sur les bords de l’Ourcq et de la basse Marne et se poursuit avec âpreté, mais victorieusement, sur le front Foch, bat cependant son plein sur les rives de la Saulx et de l’Ornain. Mais déjà Langle de Cary bénéficie du mouvement de recul de la droite allemande. Vitry, fortifié par les Saxons, doit être par eux abandonné : les soldats de Langle de Cary les talonnent ; c’est harcelé que l’ennemi repasse la Marne et, Vitry tombé entre nos mains, déjà les 21e et 17e corps marchent vers le Nord-Est et menacent d’enveloppement le duc de Wurtemberg. Il faut que l’ennemi, près d’être tourné, évacue la région, entraînant dans son mouvement, de Revigny à Triaucourt, les troupes voisines.

En se retirant, désireux de se montrer fidèle à ses exploits des dernières semaines, il met le feu aux villages et bourgs qu’il abandonne. Une récente enquête m’a permis de rassembler des témoignages peu récusables du crime : j’ai manié les pastilles incendiaires recueillies, vu les linges imbibés de pétrole jetés dans les maisons et ces ruines carbonisées fort différentes de celles que font les obus. Ah ! tristes ruines de Sermaize, Saint-Lumier, Maurupt, Contrisson, Revigny, quel cri s’élève à toutes les heures de vos décombres contre la culture germanique ! Mais il fallait venger l’honneur de deux princes allemands vaincus. « Nous avions sous les yeux, me dit un artilleur, du haut des collines du Sud, un rideau de flammes : dans la nuit du 9 au 10, nous voyions flamber 17 villages. »

C’est que, le 10, le Kronprinz impérial était, lui aussi, contraint de tourner le dos aux grands rêves. Sarrail avait ébranlé son armée et fallait reconduire jusqu’au Nord de Verdun.


Avec quelle confiance cependant le prince avait attaqué ! Fonçant dans la région de Revigny avec le dessein de saisir les ponts de l’Ornain jusqu’à Bar, il comptait entrer en quelques heures dans la vieille cité ducale. Le 6, un officier disait, m’a-t-on rapporté, à un habitant de Vaubecourt : « Demain nous brûlerons la ville de Poincaré. » Effectivement le XVIe corps devait occuper, sinon, brûler Bar tandis que, la victoire de