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Son quartier général est à Brienne. Celui de Sarrail est à Ligny-en-Barrois : son aile gauche est vis-à-vis et au Sud de Revigny ; sur le plateau entre Ornain et Aire, son centre couvre Bar, sa droite sur le plateau entre Aire et Meuse couvre Verdun. Les deux armées forment potence (l’angle étant derrière Revigny), menaçant sur leur front et leur flanc gauche les deux armées allemandes descendues d’Ardenne et d’Argonne.

Mais les princes allemands, duc de Wurtemberg et Kronprinz, n’entendent nullement être menacés, mais menacer. S’ils percent entre Vitry et Bar, c’est Saint-Dizier en péril et l’armée française tournée sur sa droite, c’est surtout Verdun, pivot de notre mouvement, paralysé, isolé, peut-être emporté. Aussi, dès le 6, le 2e corps, droite de la 4e armée, qui fait charnière entre les deux armées, est-il attaqué à Sermaize avec une particulière violence : cependant, il tient bon ainsi que le reste de la ligne. Mais, le 7, la poussée allemande se fait encore plus rude ; c’est toujours à la droite de la 4e armée que se produit, on sait pourquoi, le grand effort allemand et la charnière semble craquer : Sermaize est pris et Pargny-sur-Saulx aussitôt attaqué. Le 2e corps qui recule fait alors appel à l’armée voisine : Sarrail aussitôt dirige une des brigades du 15e corps que menace sur son flanc l’ennemi en progrès, tandis que le gros du corps est porté sur Contrisson et que le 5e corps agit en avant de Laimont.

C’est vers la gauche maintenant de la 4e armée, qu’un nouveau fléchissement semble à craindre : les Saxons du XIXe corps font reculer notre 17e corps. Mais le 21e, arrivant des Vosges, commence ses débarquemens à l’arrière de Langle de Cary, — renfort assuré pour le lendemain.

N’importe : le soir du 8, la situation est, là aussi, critique. Mais c’est la « tenace 4e armée » et certes personne, ce soir-là, ne s’avoue vaincu. Au contraire entend-on bien reprendre, le lendemain, le terrain perdu. Tous les courages se bandent et, de fait, le 17e corps, qu’appuie maintenant une division du 21e, tient bon, le 9 : la ligne saxonne attaquée se défend avec acharnement à Sompuis, mais finalement flotte et fléchit : notre artillerie disperse les chasseurs saxons en grand désordre et, tandis que le centre de la 4e armée maintient simplement ses positions, le 2e corps, à droite, reprend l’offensive, pousse vers Andernay et Sermaize, toujours appuyé par les deux corps de