Page:Revue des Deux Mondes - 1916 - tome 35.djvu/160

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

au nombre d’environ 2 000, se dirigèrent vers la cité pour se rendre et le reste des forces fut cerné dans les marais.

Le 25 septembre, l’expédition atteint Nakhailat, à quelques kilomètres de Kut et, aussitôt, aéroplanes et éclaireurs vont reconnaître les positions.

L’adversaire, sur les indications d’officiers allemands, avait merveilleusement utilisé les avantages du terrain. Sur la rive droite du Tigre, les tranchées s’étendaient assez loin pour qu’un mouvement tournant fût difficile. Sur la rive gauche, trois marais perpendiculaires au fleuve avaient une importance capitale. C’étaient le marais du « Fer à cheval, » le marais de Suwada, et le marais « Circulaire, » ne laissant entre eux que d’étroits passages fortifiés. Le sol tout à fait plat réunissait pour l’artillerie les meilleures conditions de visibilité ; une attaque frontale de la 6e division ne pouvant se livrer que sur une ligne de deux ou trois kilomètres était d’avance vouée à un échec. Dix mille Turcs, renforcés d’Arabes, et une flottille défendaient l’accès de Kut-el-Amara.

Le 26 septembre, dans la journée, le commandement prend ses dispositifs d’attaque et fixe à chacun sa tâche. La brigade Belgaum, avec le général Fry, se retranchera devant le « Fer à cheval, » entre le Tigre et Suwada ; la brigade Poona fera une feinte sur la rive droite, puis le général Delamain la mènera à l’assaut, au Nord de Suwada, tandis que la brigade Jelhum, du général Hoghton, dépassera le « Circulaire, » le plus septentrional des trois marais, et viendra tomber sur les derrières de Nour-Eddin pacha. Ainsi, la position sera enlevée. De plus, un pont de bateaux, jeté à Nakhailat, devait faciliter les opérations.

Ce plan va s’exécuter point par point. Fry, appuyé par une batterie de 127 millimètres et les canonnières, s’établit à trois mille mètres du centre turc, et le bombarde. Une reconnaissance du 7e lanciers du Bengale fait trente-six prisonniers, dont les déclarations prouvent mieux encore l’impossibilité d’un assaut mené de front.

Dans la soirée du 26, le général Delamain exécute une feinte sur la rive droite, y laisse quelques postes, et ramène durant la nuit ses troupes au Sud-Est de Suwada. Hoghton, au même instant, conduit ses hommes, sous la direction d’un officier du génie, vers l’extrême gauche ottomane. Le 28 septembre, à huit heures vingt, les deux brigades engagent la bataille. Avec