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IIIe corps, la 113e division, et deux régimens du XVe corps. — Le IIIe corps avait été renouvelé depuis le 2, par ses cadres aux deux tiers, et pour ses effectifs, par des recrues de la classe 1916 qui comprenaient dans certains régimens jusqu’aux deux cinquièmes de l’effectif. Malgré ces renforts, les compagnies qui, le 2 mars, comptaient 200 fusils, n’en comprenaient maintenant pas plus de 120. En général, la classe 1916 se bat très bien. Cependant, des sous-officiers prisonniers ont raconté qu’à ces combats les recrues avaient donné l’éveil en criant : Hurrah ! à cent cinquante mètres, et s’étaient ensuite dispersés aux premiers coups de feu. Sauf la prise d’un ouvrage à Hardaumont, les attaques du 8 et du 9 sur le centre échouaient avec de grosses pertes. Le IIIe corps fut renvoyé définitivement à l’arrière. Depuis le 21 février, il avait perdu 22 000 hommes.

Le 9, l’attaque s’était de plus développée à l’Ouest et à l’Est, A l’Ouest, le VIIe corps de réserve se fit repousser à la côte du Poivre, et la 21e division, à sa gauche, acheva de se faire massacrer dans la région de crêtes et de ravins qui sépare la côte du Poivre de Douaumont. A l’Est, les choses marchèrent plus mal encore. Là, le Ve corps de réserve attaquait sur Vaux, et sur le fort de Vaux.

Vaux est un village qui forme, vers la Woëvre, l’entrée d’un ravin Est-Ouest, long de deux kilomètres : ce ravin, qui s’insinue dans le plateau, s’en va finir derrière Douaumont ; en avançant par là, les Allemands prendraient donc notre centre à revers. Des plateaux enferment ce ravin au Nord et au Sud ; celui du Sud porte le fort de Vaux ; celui du Nord a un bord festonné qui le découpe en lobes ; le plus oriental s’appelle Hardaumont ; mais, une fois maître d’Hardaumont, l’assaillant, poussant vers l’Ouest, en rencontre un second, juste entre Douaumont et Vaux, qui porte le bois de la Caillette. Les Allemands attaquèrent sur tout le front Hardaumont-fort de Vaux. Nous avons vu qu’au Nord ils occupèrent dès le 8 une redoute près d’Hardaumont. Au centre et à la gauche, le 19e régiment de réserve (Ve corps) déboucha le 9, à l’attaque du village de Vaux, dans le ravin, et du fort, sur le plateau Sud. Les Allemands croyaient le village abandonné. Le 1er bataillon s’avança en colonne par quatre, venant d’Ornes, c’est-à-dire du Nord, sans patrouille et sans avant-garde. La compagnie de tête entra dans le village, fut reçue par un feu de mitrailleuses, chargée