Page:Revue des Deux Mondes - 1916 - tome 32.djvu/861

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

géans ne sont encore que des appareils d’expérience et comportent des inconvéniens longtemps rédhibitoires, cela peut changer du jour au lendemain. Eux seuls concilieront les nécessités contradictoires de l’équation des poids.

Enfin le nombre, qui ne joue pas encore tout son rôle, le remplira peu à peu. Ce qui manque, ce sont moins les appareils que les pilotes. En juillet 1914, les Allemands en avaient fait 775, nous 1 689. Quand ils seront assez nombreux, la garde permanente du front s’organisera sans doute. On y tend ; on y touchera bientôt. Alors des groupes de chasse, à toute heure du jour, seront en croisière à diverses altitudes au-dessus de nos lignes, prêts à barrer la route à toute force ennemie prenant l’atmosphère.


IV

Après la guerre sur terre, et la guerre aérienne, la guerre navale. C’est peut-être là que les transformations sont les plus considérables. D’abord, rien ne s’est produit de ce que presque tout le monde attendait, à savoir le choc des escadres lourdes. Elles ne se rencontrent pas, et pour cause, chacune d’elles restant au port, à l’abri des dangers sous-marins. Au moment de la déclaration de guerre, l’escadre allemande, concentrée devant le Pas de Calais, croisait au large des côtes belges. Les dispositions prises et certains détails qui nous ont été révélés prouvent qu’elle avait ordre de bombarder le Havre et Cherbourg, puis de se rendre rapidement à l’entrée de la rivière de Morlaix et à Morgat dans la baie de Douarnenez, pour y appuyer un débarquement de troupes et prendre ainsi Brest à revers des deux côtés. Mais le 1er août, l’escadre anglaise de la mer du Nord, bien qu’elle ne l’emportât pas de beaucoup à ce moment sur les forces navales allemandes, fit mine de lui couper la retraite. La décision de l’Angleterre était encore incertaine. Pourtant l’amiral allemand, inquiet, revint en toute hâte à Cuxhaven.

Depuis lors, ses cuirassés n’ont osé opérer que dans la Baltique ; d’ailleurs, là même, ils ne s’en sont pas toujours bien trouvés. Mais les premiers temps de la guerre navale ont été occupés par les opérations des croiseurs faisant la chasse au