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d’envergure. On a démontré la possibilité de lancer des torpilles avec ces grands hydravions.

L’avion de chasse allemand actuel, monoplan, s’élève à 1 000 mètres d’altitude en huit minutes. Sa vitesse est de 120 à 140 kilomètres à l’heure. Il peut parcourir en tout 750 kilomètres sans se ravitailler et rester six heures en l’air. Il est capable de soutenir une charge totale de 300 kilogrammes. Ce n’est qu’un des élémens de la guerre aérienne, mais il ne ressemble déjà plus à ses similaires du début. Les biplans bimoteurs peuvent atteindre, dit-on, 2 000 mètres en 12 minutes.

Au moment où l’Allemagne ouvrait les hostilités, elle possédait 1 500 avions. Si elle en a perdu quelques centaines, elle en a certainement construit bien davantage et les aéroplanes de guerre actuellement armés se comptent par milliers. Les combats quotidiens qui signalent la bataille de Verdun commencent à donner l’impression de cette mêlée aérienne qui se superposera bientôt au choc des fantassins. Si la guerre devait durer encore de longs mois, il est probable que l’importance croissante et les formes nouvelles de l’action aérienne suffiraient à lui imposer un caractère entièrement différent de ce qu’on pouvait imaginer en 1914.

Les points principaux sur lesquels porte la transformation paraissent être au nombre de cinq. D’abord la sécurité, avec le double moteur, le double fuselage, la double commande, donnant à l’observateur le moyen de suppléer le pilote, le blindage des parties vitales.

Ensuite la facilité de communication avec la terre ou les autres unités aériennes. Ce progrès est déjà sommairement acquis grâce à la télégraphie sans fil. Au commencement, les régleurs de tir transmettaient leurs indications au moyen de virages. Plus tard on employa les signaux par fusées. Mais ce n’est qu’avec la télégraphie sans fil qu’on commence à obtenir un langage clair, précis et complet. Il a l’inconvénient de n’être pas secret.

En troisième lieu, l’armement de duel aérien, qui a fait son apparition, qui s’est renforcé et complété, se perfectionne. Nous usons d’avions-canons, munis d’un canon-revolver de 37 millimètres, arme redoutable contre les zeppelins. Les Allemands n’en sont qu’aux essais. L’artillerie aérienne commence.

Un quatrième élément est la dimension. Si les appareils