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dans un étau... Ce qu’il y a de plus affreux, c’est que la Reine a les yeux ouverts sur le danger de son état. Hier matin, elle me disait que, dans cette maladie, on laissait les gens mourir de faim, et, hier soir, M. Cottrau étant près d’elle, elle a pleuré et dit de ces choses qui laissent peu de confiance dans les illusions qu’elle se fait...


Jeudi 1er septembre.

Chère Fanny, Aujourd’hui est un des jours les plus pénibles de ma vie. Jusqu’à présent, la Reine souffrait peu. Mais elle vient d’avoir une crise comme je n’en ai jamais vu. J’ai cru qu’elle me resterait dans les bras. Je n’en suis pas remise encore ; le cœur me manque quand je pense que de pareils accidens se renouvelleront encore bien des fois peut-être avant le terme inévitable que chaque jour approche et auquel je ne puis penser sans terreur et sans douleur. Je prie le bon Dieu qu’il soutienne ma force et mon courage jusqu’à la fin. Remercie bien ton excellente Princesse de l’hospitalité qu’elle m’offre. J’en suis bien touchée, mais je crois qu’il serait plus raisonnable d’aller tout de suite à l’Etoile.

La Reine et le Prince seront charmés de lavoir...


Valérie à sa sœur Fanny.


Vendredi 15 septembre.

... La Reine a été mieux pendant quelques jours pour retomber plus bas aujourd’hui. C’est une lampe qui s’éteint. Heureusement sans grandes douleurs. De temps en temps, nous nous ranimons avec elle, pour revenir ensuite aux angoisses les plus vives... La duchesse de Leuchtenberg nous a quittées dimanche, emportant encore des espérances auxquelles je n’ose plus croire aujourd’hui...


Lundi 25 septembre.

Chaque date apporte quelque chose de désolant à écrire... Les forces de cette pauvre victime s’épuisent, et chaque heure avance celle que nous redoutons. J’ai supplié le Prince de faire venir Sauter. Celui-ci ne l’a pas trouvée si mal, et nous nous sommes un peu ranimés. La princesse Joséphine est arrivée à