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très instructive brochure publiée récemment par notre Office national du commerce extérieur (le Commerce français et l’Angleterre), œuvre de M. Corbes, consul, chargé du vice-consulat de France à Douvres et à Folkestone. Nous lui empruntons quelques documens. Avant la guerre, l’Angleterre était un des principaux marchés pour l’écoulement des produits allemands et austro-hongrois. En 1913, les exportations anglaises en Allemagne et en Autriche-Hongrie représentent 1 milliard 125 millions de francs ; les importations allemandes se chiffrent à liv. sterl. 80 412 000, les importations françaises à liv. sterl. 46 533 000. Certes, le progrès de nos ventes s’accentuait, mais de façon insuffisante. L’Angleterre demeurait le plus gros client de l’Allemagne ; l’Allemagne vendait à bon marché des articles en série ; ses voyageurs acceptaient toutes les commandes ; le crédit se conformait aux convenances de l’acheteur. Les prix s’établissaient au port le plus proche ou même au magasin du client. S’il est vrai, comme l’affirme M. Jean Périer, que la production française soit complémentaire de la production britannique, quelle perspective pour nous ! La Grande-Bretagne elle-même produira davantage et nous nous en réjouissons ; elle ne voudra plus acheter à l’ennemi les jouets de l’enfant, la traditionnelle arche de Noé, la poupée, le soldat de plomb, l’aéroplane, le sous-marin. On ne voudra plus imprimer le livre anglais sur une machine allemande. Nous-mêmes, nous serons heureux de demander à nos amis anglais leurs nombreuses spécialités. Un accord précis devra intervenir entre eux et nous ; bien des habitudes seront à modifier. Nous irons à la Foire de Londres ; nos alliés viendront à la Foire de Lyon et, par leurs rapports directs, par leurs échanges de vues, les commerçans des deux pays féconderont l’œuvre accomplie en commun par les deux armées.

Ainsi de la Russie. — Dès cette année, la Chambre de commerce russo-française de Petrograd a commencé son action en notre faveur. « Le bon grain semé, nous écrivait-elle, devra donner une abondante récolte pour la Foire de 1917. » Ce n’est pas, certes, le terrain qui manque. L’essor économique de la Russie, au cours des vingt dernières années, apparaît prodigieux [1]. Le chiffre des exportations passe de 1 milliard de

  1. Voyez le Rapport de M. Louis Pradel à la Chambre de commerce de Lyon, séance du 20 janvier 1916.