Page:Revue des Deux Mondes - 1916 - tome 32.djvu/736

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
BERNARDINE.

Quelle pitié qu’un homme tel que celui-là ait été blessé de la sorte, qu’il soit un infirme !

VAUCROIX.

Tout manchot qu’il est, vous savez qu’il compte reprendre du service.

BERNARDINE.

Je songeais à sa vie intime.

VAUCROIX.

Il vous a fait des confidences ?

BERNARDINE.

Oh ! non. Mais j’ai su qu’avant la guerre ses parens avaient pour lui un projet de mariage.

VAUCROIX.

Et ce projet ne tient plus ?

BERNARDINE.

C’est lui qui ne veut pas en entendre parler. Il considère qu’étant un mutilé, sa vie sentimentale est finie.

VAUCROIX.

Ce scrupule lui ressemble. Mais si la jeune fille en question l’aime, elle saura bien l’en faire revenir.

BERNARDINE.

Je le souhaite pour lui, et pour elle. (Profondément.) Une âme de cette noblesse, de cette sûreté, quel appui ! (Silence.) J’ai reçu la réponse du docteur Louvet. Je vous l’apportais. Il propose deux rendez-vous à votre choix : cet après-midi, à trois heures chez lui, ou demain ici, à onze heures. Que décidez-vous ?

VAUCROIX.

Vous tenez donc beaucoup à cette consultation ?

BERNARDINE.

Beaucoup.