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cette nouvelle. J’ai su son arrivée, il y a cinq minutes. Dites mille choses à Madame (la Reine), à laquelle j’aurais bien voulu écrire, mais je ne veux pas risquer de manquer les paquebots. )


À la grande-duchesse de Baden pour la Reine.


1er mai 1837.

Ma chère Stéphanie. — Je suis tellement faible que non seulement je ne puis écrire moi-même, mais que c’est à peine si j’aurai la force de dicter cette lettre. Je viens d’avoir une petite rechute dont je ne suis pas encore remise ; je ne dors pas, je ne mange pas, et le mauvais temps n’a pas peu contribué, jusqu’à présent, à prolonger l’état de crispation de mes nerfs, — qui est tout à fait indépendant de ma maladie et qui en est pourtant le plus pénible. Pour me distraire de mes souffrances, je fais des châteaux en Espagne, des projets dont l’exécution est peut-être encore un peu éloignée, car je suis bien loin d’être transportable. Je te prie, pendant que tu es à Vienne, de parler de ma part à M. de Metternich. Je voudrais, pour voyager en Italie, avoir des passeports autrichiens ; qu’il veuille bien donner à M. de Bombelles l’ordre de m’en délivrer, lorsque je le lui demanderai, pour moi et pour les personnes qui composent ma maison. J’irai peut-être cet été ou à Ischl ou à Aix-en-Savoye. Dans l’état de santé où je suis, il est impossible que je puisse passer l’hiver dans un climat comme celui-ci. Je voudrais aller à Gênes ou à Naples, dans un bon climat enfin, celui que désigneraient les médecins. Je suis trop heureuse de ravoir mon petit docteur : il s’entend à merveille auprès des malades et je n’ai qu’à me louer des soins que je reçois.

Je viens d’apprendre par ma belle-sœur toutes les fêtes que l’on a faites à Munich. Je t’engage à ne pas abuser de tes forces comme tu le fais ordinairement. On est trop heureux d’avoir une bonne santé, il ne faut pas la compromettre, on ne sent tout ce qu’elle vaut que lorsqu’on l’a perdue. Adieu, je t’embrasse de tout mon cœur ainsi que Marie.


Mardi 16 mai.

Hier, nous avons eu la visite du baron de Wildegg. Il venait