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milliers de tonnes. Un peu plus tard, on parla d’un déplacement de 5 000 tonnes, — 5 000 tonnes ! Autant que les derniers croiseurs du type » des villes d’Allemagne, » quelques centaines de tonnes de plus que nos anciens croiseurs cuirassés du type Chanzy, — et enfin un auteur anglais, qui semblait d’ailleurs assez documenté, a pu dire que les nouveaux submersibles allemands étaient des « sous-marins-monitors, » ce qui signifie tout simplement qu’ils portent deux ou quatre bouches à feu d’assez fort calibre sous tourelles (ou, plus probablement, sous capots d’acier à l’épreuve des petits projectiles), car les facultés essentielles des monitors n’ont rien à démêler avec celles des sous-marins.

Mais cependant, que faut-il croire ? Faut-il admettre les 5 000 tonnes ? Je ne le pense pas. Non que l’idée de pousser jusque là et de frapper une fois de plus les imaginations par l’inattendu autant que par le « colossal » n’ait pu germer dans les cerveaux surchauffés de nos adversaires ; mais leurs ingénieurs et nombre de leurs marins auraient certainement opposé tout de suite à cette conception l’énumération de difficultés pratiques qui ne seront pas de sitôt résolues, si elles le sont jamais. Il se peut, du reste, que ce chiffre de 5 000 tonneaux s’applique à un type très différent de celui du submersible, à un type tout à fait nouveau de bâtiment de combat très bas de plat-bord, qui, susceptible de s’enfoncer au moyen de water-ballasts jusqu’au ras de l’eau, aussi bien en vue d’agir par surprise qu’en vue de se protéger contre l’artillerie, pourrait recevoir la dénomination d’immersible. Mais laissons pour le moment ces spéculations et, faute de renseignemens plus précis, plus satisfaisans, n’attribuons pas aux navires de plongée les plus récens de l’Allemagne un déplacement supérieur à celui de 2 000 ou 2 500 tonneaux. Le « progrès, » — toutes réserves faites en ce qui concerne le point de vue technique, — serait déjà considérable [1]. Et bornons-nous à reconnaître que les facultés offensives de ces sous-marins du large seraient d’un ordre beaucoup plus élevé que celles de leurs prédécesseurs.

  1. Il faudrait, pour être complet, parler des projets, très audacieux comme conception, de l’ingénieur russe Shuravieff et des ingénieurs italiens Cuniberti et d’Adda. Cela m’entraînerait trop loin. Le lecteur qui s’intéresserait particulièrement à ce sujet consulterait avec fruit l’ouvrage que je citais tout à l’heure, Dreadnoughts ou submersibles de M. O. Guihéneuc.