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LA NOUVELLE GUERRE SOUS-MARINE

C’est le 15 mars que devait commencer « le renforcement de l’action allemande contre l’Angleterre au moyen de la guerre sous-marine, » de manière que les neutres, prévenus un mois environ à l’avance, pussent éviter, à la fois de prendre passage sur des navires appartenant à l’un des belligérans ennemis de l’Empire et de traverser, sur quelque bâtiment que ce fût, la « zone de guerre, » — les eaux anglaises, la Manche, le golfe de Gascogne, — délimitée depuis l’an dernier déjà par l’amirauté de Berlin. Mais nos ennemis ne s’embarrassent pas plus des dates qu’ils fixent eux-mêmes que de toutes autres conventions. Depuis plusieurs semaines déjà, ils ont jeté à la mer des paquets de mines dérivantes qui ont causé un assez grand nombre de sinistres et, il y a quelques jours, le 9 mars, en même temps que notre Louisiane, ils torpillaient un voilier norvégien, le Silius, tout près du Havre. Bien entendu, sans avertissement préalable, ce qui est la caractéristique précise, indiscutable, de l’acte de piraterie [1].

Mais laissons là les discussions désormais inutiles sur ce dernier point. Ne nous occupons que de fixer les traits essentiels des procédés allemands, au point de vue technique, dans la nouvelle phase de la guerre sous-marine où nous entrons. Nous verrons ensuite quels moyens d’action on peut mettre en jeu pour limiter le plus étroitement possible les conséquences d’un mode d’attaque qui, — on s’en aperçoit maintenant, — pourrait en entraîner de vraiment fâcheuses.

  1. Au moment où je termine cette étude, on apprend le torpillage, vraiment inouï, cette fois, d’un grand paquebot neutre, le hollandais Tubantia, coulé tout près de ses côtes, sans qu’il ait même pu voir autre chose, en raison de la brume, que la torpille qui venait le frapper.