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UNE PERSONNALITÉ RELIGIEUSE

GENEVE
1535-1907

III [1]
DE BONAPARTE A JAMES FAZY :
LA RENTRÉE DU CATHOLICISME

En 1794, Genève révolutionnaire professa formellement que, pour avoir chez elle la qualité de citoyen, il fallait être un protestant ; le civisme genevois gardait ainsi une assise nettement confessionnelle. Cent treize ans se passent, et l’on voit Genève, en 1907, à la faveur de cet euphémisme politique : « suppression du budget des cultes, » séparer l’Etat genevois et les Églises, « Les Églises, » remarquons ce pluriel ; c’est au cours du XIXe siècle qu’il s’introduisit ; et dans cette Genève qui, de 1535 à la fin du XVIIIe siècle, n’avait connu qu’une Église, ce pluriel fut une première nouveauté. Et voilà qu’au XXe s’en produit une seconde, plus grave encore : par cela même qu’il prend congé des Églises, l’État divorce, en théorie, d’avec cet établissement réformé dont les destinées, pendant plusieurs siècles, avaient été étroitement associées à celles de la cité : événement pacifique, purement législatif, qui pourtant acquiert la portée morale d’une révolution. Il nous faut suivre, en deux étapes, ces émouvantes vicissitudes, couronnées par ce dénouement.

  1. Voyez la Revue du 15 juillet 1914 et du 1er février 1916.