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REVUE DRAMATIQUE


Comédie-Française : La Première Bérénice, comédie en un acte, en vers, de M. Adrien Bertrand. — Andromaque, pour les débuts de M. de Max. — Reprise de la Figurante, pièce en trois actes de M. François de Curel. — Mort de Mounet-Sully.


Voilà bien longtemps que je n’ai parlé de théâtre aux lecteurs de la Revue : c’est que les théâtres ne m’en ont pas fourni l’occasion. Les futurs historiens de la société française pendant la guerre auront à noter ce phénomène assez curieux. Aux premiers mois de 1915, alors que la vie générale était encore presque totalement suspendue, les théâtres ont montré une certaine activité ; ils se sont essayés à renaître : on a remis à la scène des pièces d’une inspiration très noble, auxquelles le temps de paix n’avait pas toujours été favorable ; on a organisé des séries de représentations classiques suivant un plan concerté d’avance, afin d’exalter l’idée française ; même on a monté des ouvrages nouveaux, parmi lesquels je ne compte pas les revues, attendu qu’elles ne peuvent pas être comptées et que leur vogue aurait fait concurrence à celle du cinéma, si le cinéma ne défiait toute concurrence. Cette année, alors que, la guerre se prolongeant et devenant, elle aussi, une habitude, les civils s’organisent une sorte d’existence pour « civils qui tiennent, » l’essai de mouvement théâtral a fait place à la stagnation absolue. La raison en est dans un scrupule qui fait le plus grand honneur au public. Le public est simpliste. On a beau plaider auprès de lui la cause du théâtre, par des argumens d’ailleurs excellens ; on lui répète en cent manières que le théâtre est pour beaucoup de gens qui en vivent un métier, un gagne-pain dont il convient de ne pas les priver, et qu’il nous sert à tous, en