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Nos chalutiers ont déjà payé de leur personne au cours de leurs croisières audacieuses ; nous avons en effet perdu successivement le Marie, le Saint-Pierre I, coulé le 22 septembre 1915, le Saint-André III, coulé le 29 septembre 1915, l’Alose, coulé le 5 octobre 1915, le Jesu-Maria dont on est sans nouvelles depuis le 9 novembre 1915, l’Etienne, et l’Au-Revoir, qu’on a réussi à échouer. Ces pertes ont entraîné la mort de plus de cinquante marins. Le métier de patrouilleur n’est donc pas exempt de dangers et ces dangers augmentent tous les jours du fait de la nouvelle méthode de guerre de mines adoptée par nos ennemis. Les chalutiers ne servent pas seulement à la patrouille, mais encore au dragage ; alors que les arraisonneurs-dragueurs opèrent à l’entrée des ports, les chalutiers poursuivent ces opérations au large. Le dragage s’effectue, dans la marine française, à l’aide d’un dispositif ingénieux, inventé par l’amiral Ronarc’h. Les mines dormantes étant maintenues entre deux eaux par un orin en fil d’acier auquel est assujetti un crapaud fixé au fond de l’eau, l’appareil Ronarc’h a pour but de couper à l’aide de cisailles l’orin d’acier : la mine monte alors à la surface et on la fait exploser ou on la coule à coups de fusil pour la rendre inoffensive. Ce métier de releveur de mines est évidemment plein d’aléas : bien des navires comme le Au-Revoir, périssent en voulant purger les mers de ces terribles engins automatiques.

L’amiral Ronarc’h, après avoir commandé la brigade de fusiliers-marins avec l’énergie que l’on sait, vient justement d’être placé par l’amiral Lacaze à la tête des services de recherches et de défense contre les sous-marins. Le vice-amiral Ronarc’h est connu comme un des officiers les plus compétens en matière de dragage et d’emploi tactique des flottilles, toute sa carrière s’étant consacrée au commandement de ces petites unités. On peut être assuré que sous ses ordres la question de la chasse aux sous-marins recevra une impulsion vigoureuse. La dissolution de la Brigade a permis de donner, à l’amiral Ronarc’h, des effectifs dignes du résultat à atteindre.


IV

Arrivons maintenant à la catégorie des bâtimens réquisitionnés non militarisés. En principe, la Marine n’a militarisé