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SOUVENIRS
SUR
FRANCIS CHARMES

Au lendemain de la mort de Francis Charmes, M. Paul Leroy-Beaulieu a rendu hommage ici au directeur de la Revue des Deux Mondes et a exprimé éloquemment les sentimens d’admiration, de reconnaissance et de regret dont nous étions tous animés. Je voudrais revenir sur ce beau et triste sujet, entrer dans quelque détail de cette noble vie, faire connaître quelques traits de ce bon et charmant caractère. L’amitié m’y pousse, et aussi ce sentiment que, les modestes se faisant tort à eux-mêmes pendant leur vie, c’est bien le moins qu’après leur mort on les remette pleinement dans la place, dans toute la place qu’ils doivent légitimement occuper.


Francis Charmes était né à Aurillac aux premiers mois de l’année 1848. Il était l’ainé de deux frères, Gabriel et Xavier et d’une sœur. Sa mère, veuve de bonne heure, se consacra à ses quatre enfans avec un dévouement sans bornes comme sans trêve. Francis lit ses études d’enseignement secondaire au collège d’Aurillac d’abord, puis au lycée de Poitiers à partir de la rhétorique.

C’est à Poitiers que je l’ai connu, à l’âge de dix-sept ans. Le vieux lycée l’accueillit paternellement et bientôt le couva avec tendresse. C’était une bonne vieille maison, à vieux livres, à vieilles méthodes, à vieilles traditions. Les professeurs y étaient vieux eux-mêmes, pour la plupart, extrêmement convaincus et