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1961-1905 à 28,5 quintaux dans la période suivante, et à 32,6 dans les cinq années précédant la guerre. Ensuite, et bien après vient la Belgique, qui a fourni dans cette dernière période 25 quintaux à l’hectare, puis la Hollande, l’Allemagne avec 19 quintaux dans la première, et 21,3 quintaux dans la dernière période, l’Angleterre, la Suisse, la Suède, la Nouvelle-Zélande (ô honte pour le vieux monde), l’Egypte, la Norvège, le petit Luxembourg, l’Autriche, le Japon, la Hongrie. Ensuite seulement vient la France, avec 13,6 quintaux, en 1901-1903, et 12,9 seulement dans ces dernières années d’avant-guerre. Puis la fin de la liste (car nous ne sommes pas les derniers, ce qui est une petite consolation), est occupée par les autres pays, la Russie y voisinant avec les États-Unis, la Serbie et Formose.

Diverses conclusions découlent de ce tableau : d’abord celle-ci, fort attristante, que la France, la plantureuse France, malgré son climat unique et modéré, malgré la richesse de son sol heureux, la France initiatrice de tant de découvertes, dans tous les domaines, et qui, comme nous le rappellerons tout à l’heure, a été l’instigatrice des principaux progrès de la chimie agricole, et la première protagoniste des engrais chimiques, est aujourd’hui, dans l’intensité relative de sa production du blé, au quinzième rang, et devancée par de tout petits pays comme le Danemark, la Hollande, la Suisse, par nos alliés, l’Angleterre et le Japon, par nos ennemis, l’Allemagne et l’Autriche-Hongrie. Le fait d’être, dans ce domaine, moins en retard que la Russie ou les États balkaniques, ne saurait nous être une consolation d’amour-propre, que si nous étions vraiment dénués de réflexion.

On nous dira peut-être que ces constatations sont attristantes, et pourraient atteindre notre moral, et que ce n’est guère le moment d’attirer l’attention sur nos imperfections. Tel n’est point notre humble avis ; nous estimons au contraire (et bien qu’il s’agisse ici uniquement de questions agricoles, ces remarques se pourraient peut-être généraliser) que les seules misères dont il ne faille point faire étalage, sont celles qui ne se peuvent point réparer. Pour les autres, au contraire, qui sont heureusement les plus nombreuses, il y a grand intérêt à débrider la plaie, comme en chirurgie de guerre, pour en pouvoir extirper les germes nocifs. La lumière et le grand air sont souverains contre tous les miasmes. L’ignorance systématique des imperfections entraîne celle de leurs causes, et celle des moyens propres à les balayer.

Elle est souvent la cause, toujours l’excuse ou le prétexte de leur pérennité. Il y a un grand principe que Newton a inscrit dans sa « Philosophie