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les droits conférés aux Puissances par la Convention de Madrid.

Nous avions cependant acheté en 1911, à l’Allemagne, la part qui pouvait lui revenir de ces droits et elle en avait touché d’avance le prix convenu !

Il en était ainsi de tout.

La règle des adjudications marocaines admettait la libre concurrence internationale. L’Allemagne prétendit nous imposer un régime analogue pour tous les travaux publics, ceux des villes comme ceux de l’État. Mais elle imagina une entrave plus étroite encore, afin de mieux retarder nos progrès dans le nouveau Protectorat.

Notre expérience coloniale, confirmée par celle des autres peuples, nous fit, dès les premiers jours, nous rendre compte de l’importance primordiale des chemins de fer au Maroc. La rapide pacification du pays, sa mise en valeur prochaine tenaient surtout à la création d’un réseau de voies ferrées permettant de faciles déplacemens de troupes et d’approvisionnemens, puis de marchandises.

Le développement du commerce, lié à celui de l’agriculture et de l’industrie, la mise en exploitation des mines sur la découverte desquelles les Allemands eux-mêmes fondaient de grandes espérances, tous ces progrès dépendaient également de ce même facteur. L’Allemagne avait proclamé sans cesse, en même temps que son désintéressement politique, sa volonté très ferme de maintenir la liberté commerciale au Maroc, et nous lui avions donné toute satisfaction sur ce sujet. Son intérêt le plus évident était donc attaché à ce que le Protectorat engageât rapidement les travaux de construction d’un vaste réseau ferré. Il eut semblé naturel qu’elle prît des précautions contre notre lenteur possible et qu’elle nous imposât un délai maximum pour l’ouverture des chantiers.

Ses capitalistes et ses entrepreneurs, admis à lutter contre les nôtres, auraient trouvé l’occasion d’appréciables bénéfices dans une politique de ce genre.

Elle aurait pu également nous proposer d’autres clauses par le moyen desquelles de nouvelles garanties d’égalité parfaite avec les nôtres seraient accordées à ses producteurs.

L’article IV de l’accord franco-anglais du 8 avril 1904 spécifiait par exemple que le commerce des deux nations jouirait des mêmes avantages pour le transit à travers les possessions