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qu’accidentellement. Pour certaines denrées, les marchés furent passés sur place par l’intendance régionale ; d’autres furent amenées de tous les points du pays, conformément à un tableau graphique des expéditions soigneusement établi de façon à éviter tout retard dans les approvisionnemens de la station-magasin. Il est impossible, en effet, que tout se fasse au jour le jour, pour un organisme de cette importance, alors que si par exemple l’envoi de farine du jour venait à manquer, la boulangerie de guerre devrait cesser la fabrication du pain. Aussi, doit-il en principe exister en magasin pour toutes les denrées un approvisionnement variant, suivant leur nature, de deux jours, pour le bétail, à cinq, dix, et même, pour les petits vivres, vingt fois les besoins quotidiens de la station.

Une partie de ce stock est réunie dès le temps de paix, pour les conserves de viande par exemple, ou le pain de guerre (l’ancien biscuit de guerre) et, à dates fixes, on fait consommer les denrées par les hommes pour renouveler les approvisionnemens. Mais pour bien des raisons, financières et autres, cette façon de procéder ne peut être employée que pour une faible partie des stocks à réunir, et seulement pour les denrées susceptibles de longue conservation. Quant aux autres denrées, celles qui sont répandues à peu près dans tout le pays sont autant que possible achetées dans les centres voisins ; mais quand les ressources de la région sont épuisées, il faut bien les faire venir de plus loin, comme celles qui n’existent pas dans la région. Ces diverses sortes de denrées sont fournies aux stations-magasins, au fur et à mesure de leurs besoins, par des centres spéciaux : gares de groupement de bétail, gares de groupement de foin pressé, établissemens divers (usines de conserves, biscuiteries, etc.), réserves des stations-magasins.

Ces centres spéciaux sont désignés en tenant compte des conditions géographiques et économiques du pays. Certaines régions sont très riches en bétail, en fourrages, en conserves, tandis que d’autres sont dépourvues de ces denrées. Le premier travail à effectuer est donc de s’enquérir exactement de ce qui peut être demandé à chaque région et en quelle quantité. Une organisation de ce genre ne peut évidemment s’improviser ; la détermination de ces régions et de leurs disponibilités a fait l’objet d’un travail minutieux, accompli à loisir en temps de