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LA MARINE
DANS
LA CAMPAGNE DES BALKANS

Une année s’est écoulée depuis le commencement des hostilités dans le Levant. Les événemens se sont compliqués, la guerre s’est étendue ; le rôle des forces navales n’a cessé de grandir, et la responsabilité de ceux qui ont la charge de mettre en jeu ces puissans moyens d’action s’alourdit de plus en plus.

Ces jours derniers, — j’écris au début de décembre, — une vague de pessimisme semblait avoir submergé certains esprits qu’on eût pensés plus fermes. N’ai-je pas entendu dire dans certains cercles : « Si les Allemands arrivent à Constantinople, tout est compromis, sinon perdu ! »

Je ne sais si les armées des Empires du Centre arriveront jusqu’au Bosphore, encore moins si elles le dépasseront, quoi que prétende la jactance allemande. Ce ne sera point sans dommage, en tout cas, qu’elles parcourront le long couloir accidenté dont l’axe est indiqué par la voie ferrée Belgrade-Sofia-Andrinople. Admettons cependant qu’elles parviennent au terme du voyage et laissons, de sang-froid, l’empereur allemand faire son entrée triomphale à Top Kapou Seraï. Rien ne sera, pour cela, perdu ni compromis. Tout au plus la durée de la guerre on sera-t-elle augmentée, s’il est vrai que les coalisés puissent trouver, dans des contrées dont on exagère singulièrement la richesse actuelle, les ressources