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L’ÉTERNELLE ALLEMAGNE
D’APRÈS LE LIVRE DE M. LE PRINCE DE BÜLOW

V[1]
DE L’APOGÉE A LA FAILLITE

Rome, ayant acquis l’empire, devint la cité la plus riche de l’univers. Avant elle, d’autres capitales d’empires terrestres ou maritimes avaient connu la prospérité : Memphis et Babylone, Ninive et Suse, Carthage et Alexandrie. Mais, vers la ville des Césars, coulait toute richesse des hommes civilisés et, depuis les ténèbres de Thulé jusqu’aux soleils d’Eléphantine, depuis la forêt affreuse des Sarmates jusqu’aux ombrages dorés des Hespérides, tout le monde connu travaillait à l’entretenir. Elle avait pu troquer ses huttes de torchis, ses ruelles de travertin et ses temples rustiques contre les placages de granit et de marbre. Elle pouvait s’offrir toutes les commodités, toutes les merveilles qu’avant elle les architectes des hommes blancs avaient inventées. Elle pouvait nourrir sa plèbe à ne rien faire et, dans ses Thermes et ses Colisée géans, lui donner, chaque jour, quelque luxe et quelques divertissemens nouveaux. Ni paresse, ni prodigalités, ni folies de conception ou de conduite ne venaient à bout de ses revenus.

C’est qu’en un temps où l’agriculture était la principale

  1. Voyez la Revue des 1er, 15 février et 1er juillet et du 15 septembre1915.