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des plus riches dons, et comme on ne séparait point sa cause de celle des Génois de Galata, on lui fit présent de trois galères pour sa défense et pour celle des possessions génoises du Levant. Une somme de trois mille écus d’or fut destinée aux frais de son séjour. On lui donna une fête des plus brillantes, une de ces fêtes telles qu’en savait donner la ville de Gênes, alors dans tout l’éclat de sa richesse et de sa puissance. Certainement la charmante Antoinette de Turenne, « la belle, bonne et saige épouse » du maréchal de Boucicaut, dut en faire les honneurs à l’empereur à la tête des femmes ravissantes de la noblesse génoise. Ces gracieuses Italiennes, célèbres alors dans toute l’Europe par la suprême élégance et la grande richesse de leurs atours, adoraient la jeune femme du gouverneur royal qui avait eu l’art de les gagner. « Elles trouvèrent en elle tous sens, toute bénignité, grâce et humilité, dit l’historien contemporain de Boucicaut. Et ces dames de Gennes la preindrent à visiter à grandes compaignies, et à elles offrir toutes à son service et commandement ; et la dame débonnaire les recevait très doucement, et tant vers elles estoit bénigne, que très grandement toutes s’en loüoient. » Toutes ensemble parurent dans leur plus bel éclat dans ce bal magnifique qui fut donné en l’honneur et en présence de l’empereur grec au palais du gouvernement le dernier jour du mois de janvier. Toute la noblesse génoise y figura dans ses plus somptueux costumes.

Manuel demeura dix jours encore dans cette cité qui le recevait si bien. A son départ, il fut de nouveau escorté par les nobles qui portaient au-dessus de sa tête le dais de brocart. Boucicaut, l’archevêque de Gênes, tous les notables de la cité le conduisirent jusqu’au-delà des portes.

Nous sommes mal renseignés sur la plus grande partie du reste de l’impérial parcours. Georges Stella, qui nous a fourni ces détails sur le séjour de Manuel à Gênes, dit qu’en quittant cette ville, l’empereur prit la route de terre. Dukas, de son côté, dit qu’il passa par Florence. C’est bien probablement la vérité. Manuel dut certainement aller dans cette ville pour s’y rencontrer avec le pape Boniface IX, qui lui voulait beaucoup de bien et qui fit vers ce temps plusieurs séjours dans la « cité des fleurs. » Je crois, pour ces raisons, dit M. Berger de Xivrey, pouvoir placer dans cette ville ou aux environs l’entrevue ainsi rapportée par le Livre des Faicts de Boucicaut : « Si fut devers le Sainct