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UN EMPEREUR DE BYZANCE
Á PARIS ET Á LONDRES

Vers la fin du XIVe siècle, la situation de l’Empire grec de Constantinople sous la dynastie des Paléologues était devenue presque désespérée. La puissance des sultans turks en Asie Mineure comme dans la péninsule des Balkans s’était accrue infiniment. Le faible gouvernement des successeurs de Constantin, réduit à peu près à la banlieue de Constantinople et à la péninsule de Morée, pouvait à peine se défendre contre l’effort incessant des troupes musulmanes. L’Europe assistait indifférente à ce cruel péril du dernier boulevard de la chrétienté en Orient contre les Turks.

La fin du règne de l’empereur Jean V Paléologue avait été particulièrement calamiteuse. Les forces du terrible sultan Mourad bloquaient Constantinople depuis des années. Vainqueur des Serbes en 1389, sur l’historique champ de bataille de Kossovo, il y avait perdu la vie, mais son successeur, le non moins redoutable sultan Bajazet, avait poursuivi la même politique de violence contre les infortunés Byzantins. Il avait forcé l’héritier du trône de Constantinople, Manuel, à le suivre en qualité de vassal dans ses victorieuses expéditions d’Anatolie.

Le 16 février 1391, le vieux basileus Jean V, accablé par tant d’infortunes et par l’usurpation criminelle d’un de ses petits-fils, avait expiré à Constantinople. Manuel avait succédé à son père, mais, pour prendre le sceptre dans sa capitale, il avait dû s’enfuir de Brousse où le retenait Bajazet. Le vindicatif sultan l’en avait puni par une nouvelle déclaration de guerre.