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inutiles, c’est à la veille du jour où l’acte féroce a été perpétré, que le président Wilson, avec une opportunité douteuse, a cru le moment venu d’adresser à l’Angleterre une note comminatoire contre les abus d’un blocus des côtes allemandes, qu’il ne juge pas effectif. « Nous, de Palerme qui n’a jamais connu la peur, nous répondons, a dit M. Orlando, à cette nouvelle infamie de nos ennemis en renouvelant le serment que l’assassin n’obtiendra pas le prix de son crime. Nous combattions, jusqu’ici, sans haine et non par vengeance, mais maintenant... nous combattrons par haine et par vengeance, jusqu’à notre dernier centime, jusqu’à la dernière goutte de notre sang; nous ne combattrons pas seulement pour vaincre un ennemi, mais pour dompter une bête fauve et nous vaincrons ! »

On est heureux de voir qu’il y a encore des pays et des hommes chez lesquels les abominations de cette guerre sauvage ne produisent pas un effet de terreur qui les paralyse et les glace, mais bien d’indignation et de colère qui les porte, non seulement à crier vengeance et justice, mais à en assurer l’exécution. L’abstention, s’est écrié M. Orlando, aurait été une défaite acceptée d’avance, une défaite honteuse, car « il est moins grave d’être battu que d’être considéré comme incapable de se battre. » La voix de l’Italie a dominé toutes les autres, ces derniers jours : nous l’avons entendue, nous l’acceptons comme une espérance.


L’article que nous avons publié plus haut nous dispense de parler de l’emprunt dans cette chronique. On l’a appelé l’emprunt de la Défense nationale et aussi l’emprunt de la Victoire : il méritera sûrement cette double appellation. Que chacun y concoure suivant ses moyens : c’est un devoir envers la patrie et, s’il peut y avoir quelque chose au-dessus de la patrie, c’en est un envers la civilisation et l’humanité.


FRANCIS CHARMES.


Le Directeur-Gérant,

FRANCIS CHARMES