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de la Défense nationale. Ce résultat est d’autant plus remarquable qu’une partie de notre territoire est encore envahie, que quelques-uns de nos départemens les plus riches et les plus industriels sont occupés, que nous n’avons encore établi aucun impôt nouveau, alors que l’Angleterre, la Russie et l’Italie ont mis en vigueur des taxes de guerre ou bien augmenté le taux d’un certain nombre de celles qui existaient déjà. Examinons donc les méthodes employées par nos ministres des Finances M. Noulens et M. Ribot, qui l’a remplacé au Palais du Louvre depuis la fin d’août 1914, et voyons comment notre Trésorerie a fonctionné jusqu’à ce jour. Dans une seconde partie, nous exposerons les conditions de la grande opération de crédit qui se poursuit à l’heure où paraissent ces lignes et qui, d’ici à quelques jours, se terminera, nous en avons la certitude, par un éclatant succès.


I

Nous entrions en campagne au milieu de l’été 1914, avec un budget de 5 800 millions, qui venait à peine d’être voté, et une Trésorerie qui devait s’équilibrer au moyen d’un emprunt de 900 millions de francs de capital nominal 3 1/2 pour 100, émis le 7 juillet au cours de 91. Les versemens à effectuer par les souscripteurs étaient échelonnés jusqu’au mois de novembre suivant, de sorte que les sommes encaissées par le Trésor le 1er août ne représentaient qu’une fraction du capital promis à l’État. Par suite de circonstances qu’il serait trop long de rappeler ici et de certaines maladresses techniques commises lors de l’ouverture de la souscription, ce fonds 3 1/2 était en majeure partie entre les mains de la spéculation. Rappelons que ce taux était presque nouveau dans notre histoire financière : il n’avait figuré que pendant 9 ans dans notre Grand Livre, lorsque le 5 pour 100 1871-72, une première fois converti en 1883 en 4 1/2 pour 100, le fut une seconde fois, au bout de dix années, en 3 1/2 pour 100. Celui-ci, créé en 1893, devint en 1902 du 3 pour 100. Au mois de septembre 1914, M. Ribot décida très sagement que les souscripteurs du 3 1/2 1914 pourraient employer leurs titres à la libération des souscriptions de rentes et d’obligations à court terme émises par le Trésor avant le 1er janvier 1917. Grâce à cette mesure, qui