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UN AN D’HÔPITAL
AOÛT 1914 — AOÛT 1915

Dans la nomenclature administrative des « formations sanitaires » assurées et desservies par notre admirable Croix-Rouge, l’hôpital dont nous allons parler ne porte qu’un numéro. Mais notre mémoire ne saurait l’appeler autrement que l’hôpital du Séminaire. Ce nom dit mieux, et tout de suite, quel est, depuis quinze mois, le double caractère et le double bienfait de la charitable et religieuse maison.

Le Séminaire d’Issy, ou le grand Séminaire, est l’école supérieure de théologie, située aux portes de Paris, où trois ou quatre cents jeunes clercs se préparent au sacerdoce. Dans l’histoire de notre pays, ces lieux ne sont ni sans gloire, ni sans beauté. A l’époque de la Renaissance, ils furent le séjour d’été d’une reine. Une plaque de marbre, à l’entrée du cloitre, commémore cette villégiature royale. A côté sont gravés les noms des illustres et saints fondateurs. Dans ses Souvenirs d’enfance et de jeunesse, Renan, qui fut élève d’Issy, par le de la « cabane, décorée d’une inscription et de deux bustes, où Bossuet et Fénelon, M. Tronson et M. de Noailles, eurent de longues conférences sur le quiétisme et tombèrent d’accord sur les trente-quatre articles de la vie spirituelle, dits articles d’Issy. » Le bâtiment principal et la chapelle attenante sont modernes, mais l’ordonnance générale de l’immense parc, atteste encore le style et le goût du grand siècle français. Français également et fidèles aux traditions de la même époque, des maîtres éminens se succèdent ici depuis lors. L’admirable clergé de France leur doit beaucoup de son caractère, de ses talens et de ses vertus.