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Le colonel Morisson y arrive le 9 au matin. Mais les Allemands, désemparés par l’énergie de ces attaques et craignant d’être coupés de la Kaddéi, abandonnent la place, quoique cette position fût naturellement très forte. De plus, l’adversaire l’avait sérieusement organisée. Il abandonne tout et se retire sur la rive droite de la Kaddéi. Bientôt, menacé par un détachement qui avait franchi cette rivière en amont, il gagne Dunu en suivant le cours d’eau du même nom.

Nous crûmes alors que les Allemands voulaient s’établir sur la rivière Tuki, qui se prête à une défensive sérieuse, car ses abords sont marécageux. De plus, à l’arrière, Batua constitue un centre de résistance où on signalait un rassemblement de sérieuse importance. Aussi, deux compagnies sont-elles dirigées dans la direction de N’Dilabo et Bimba et deux autres dans celle de Batua. L’adversaire dispose de 350 fusils, de 3 mitrailleuses et d’un canon. Le 28 décembre, un violent combat s’engage. Dès le lendemain, les Allemands subissent un échec. Ils évacuent le poste. Malheureusement, l’état de fatigue de nos tirailleurs ne permet pas une poursuite immédiate. De leur côté, les compagnies dirigées sur Bimba s’emparent de cette position, le 27, après un combat violent, forcent le passage de la rivière Ate et obligent l’ennemi à regagner Gonga.

Au cours de toutes ces opérations, les Allemands furent très éprouvés. Inquiets de la marche rapide de la colonne française, ils appelèrent des renforts importans.

L’inaction dans laquelle la colonne Butin avait dû se maintenir eut un avantage pour eux. Ils purent opérer leur concentration à Dume. Cinq compagnies, c’est-à-dire les 5e, 6e et 9e de Dume, une compagnie de réserve et la 11e venue d’Akoaflm, soit en tout un millier d’hommes, se trouvaient ainsi prêts à nous résister. De plus, ils prirent l’offensive avant que la liaison des colonnes Hutin et Morisson pût être opérée. Il se porta à l’improviste sur Bertua, occupé par une compagne française et la surprit. Bref, menacé par des forces supérieures qui effectuaient un mouvement tournant du Nord vers l’Est, le gros de la colonne Morisson, stationné à Béri et à N’Gilabo, dut se replier. Elle s’établit sur la Kaddéi, en attendant le moment favorable pour reprendre l’offensive, avec l’aide d’une partie de la colonne Hutin, rappelée de Yakodume.