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vaincre ces obstacles. Et ici on comprendra sans doute que je ne donne point de détails sur des projets dont l’intérêt n’est peut-être pas périmé. Je dois dire, d’ailleurs, qu’un sous-marin étant donné, tel qu’il est, tel qu’il a été conçu sans aucune préoccupation de l’ordre de celles que j’expose en ce moment, il me parait, difficile, — je ne dis pas impossible, — de le transformer au point qu’avec ses superstructures (kiosque de navigation en surface, périscopes, manches, potence de guindeau, panneaux, etc.), avec ses nombreux gouvernails en saillie, ses hélices, ses tubes extérieurs quelquefois, il ne courût plus de risques d’accrocher un filet, pour ne parler que de ce danger.

Il fallait y penser avant et non pas après la mise en service du petit bâtiment ; et de même s’il s’agissait de l’appareil, — une cisaille quelconque, — destiné à couper des orins de retenue de mines automatiques ; et plus encore si on avait des raisons de croire que, ces orins, renforcés, et d’aussières, devenus chaînes, résisteraient à l’emprise d’une pince coupante, si puissante qu’elle fût.

J’ajoute qu’en tout cas la difficulté même de résoudre ce problème devait, par une déduction logique, inciter à doter le submersible ou le sous-marin, — ne choisissons pas encore, — de l’arme mine automatique. Au cas, en effet, où il devait se reconnaître incapable de forcer une passe importante, du-moins était-il expédient qu’il pût en interdire l’usage à l’ennemi. Qu’on n’objecte pas à ceci qu’il existe des mouilleurs de mines spéciaux, parfaitement outillés et qui portent beaucoup plus de mines que ne le peut faire un sous-marin de fort tonnage. Bâtimens de surface, ces navires ne peuvent, il s’en faut bien, opérer en tout temps et hors de la protection des unités de combat. Du moins leur est-il impossible de dépasser, dans les estuaires, passes ou chenaux, la limite qu’impose à leurs coques non défendues la portée des bouches à feu de la défense. Cette limite, évidemment, n’existe pas pour le sous-marin, et l’opération dont il s’agit est précisément une de celles où se montre le plus à plein le bénéfice de l’invisibilité. Et si l’on arguë de l’incontestable avantage du mouilleur de mines de porter plus de mines et d’en pouvoir mouiller de plus fortes, j’oppose que le sous-marin, pénétrant beaucoup plus avant dans les voies qui conduisent au cœur de la place maritime, est aussi beaucoup