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les eaux de l’adversaire ou sur des théâtres d’opérations plus ou moins éloignés. On veut, avec raison, faire de l’offensive, puisque aussi bien c’est le seul moyen d’arriver promptement à la « décision… »

Mais l’offensive coûte cher, au moins comme mise de jeu. Nos engins vont grandir et se transformer ; ils vont surtout se diversifier encore, parce qu’il leur faudra satisfaire aux besoins de trois systèmes de guerre navale différens : la guerre de côtes, la guerre du large (opérations sur les routes commerciales, sur les voies de communications et de ravitaillement de l’adversaire), enfin la guerre d’escadres. Occupons-nous d’abord de la guerre de côtes.

Si cette expression a une signification bien nette, quand il s’agit d’engins sous-marins, c’est assurément la recherche de l’avantage considérable qu’il y aurait à pénétrer par surprise, — en plongée, par conséquent, — dans les rades où se tiennent les unités de combat ennemies qui reviennent de la mer, se reposent, se réparent, se ravitaillent, ou qui sortent du bassin de radoub, ou qui, encore, récemment descendues des chantiers, procèdent à leur « mise au point. » C’est un fait digne de remarque et qui provoquera toujours l’étonnement, dans l’avenir, qu’alors qu’il était impossible de douter et que personne ne doutait, en effet, de l’importance des résultats matériels et moraux qu’il était possible d’obtenir par ce mode d’emploi des sous-marins, les organismes compétens n’aient, nulle part, pas même dans la prévoyante et méthodique Allemagne, pris en temps utile leurs mesures pour s’assurer de tels bénéfices.

Personne n’avait donc pensé que l’on pût tendre des filets, — filets en cordes ou filets métalliques, — dans une passe étroite ou à l’entrée d’un port : ni qu’au-dessous du plan de mines automatiques destinées à heurter les œuvres vives des bâtimens de surface, plan qui s’étend à 3 mètres, 4 mètres au plus, au-dessous du niveau moyen des eaux, on pût en disposer un autre, entre 10 et 15 mètres, par exemple, où viendrait expirer la fortune des navires de plongée ?…

Si ; on y avait pensé et quelques officiers avaient fait chez nous, comme ailleurs, très probablement, d’intéressantes propositions au sujet des dispositions toutes spéciales qu’il convenait d’adopter pour donner aux sous-marins la possibilité de