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peut, le plus souvent, être parcouru par le sous-marin allemand qu’en surface, en raison précisément du peu de profondeur de l’eau dans les passes et chenaux considérés. Il faut en effet, pour qu’un sous-marin se puisse mouvoir en plongée avec quelque sécurité, qu’il dispose d’une couche d’eau de 10 à 12 mètres au moins. Or cette condition ne se trouve pas toujours remplie, il s’en faut, dans ces estuaires et en particulier sur leurs seuils. Supposons que les circonstances eussent permis à la flotte anglaise de faire, au début des hostilités, l’effort nécessaire pour se mettre en possession d’Helgoland ou, tout au moins, de l’une des îles frisonnes ; supposons encore, ce qui n’a rien d’absolument téméraire, qu’établie solidement dans cette île, la marine anglaise eût été en mesure d’y créer un parc d’avions ou de petits dirigeables, il est évident que, de jour, la sortie ou la rentrée des submersibles allemands dans leurs ports principaux fussent devenues fort difficiles, sinon impossibles, puisqu’ils auraient dû accomplir en surface, — mettons, si l’on veut, en demi-plongée, — un trajet assez long, parfaitement connu et repéré par des appareils aériens ennemis. Reste la nuit, dira-t-on. Sans doute. Mais, d’une part, il n’est pas toujours aisé, même pour une petite unité, de naviguer de nuit dans des passes minées ; et, de l’autre, il n’est pas interdit d’admettre la possibilité de donner à un dirigeable, fût-il de faible dimension, une dynamo et un projecteur capable de découvrir un sous-marin marchant en surface.

Retenons, en tout cas, ce trait particulier de la difficulté que crée à un sous-marin, au moment où il aurait le plus intérêt à se dissimuler, la nécessité de naviguer dans un chenal étroitement délimité dont la profondeur ne dépasse guère une dizaine de mètres, en moyenne. Nous aurons à y revenir, à propos des sous-marins offensifs.


Après avoir, en effet, assuré la défense des ports et des eaux territoriales au moyen de sous-marins dont les uns, les premiers, peuvent ne pas dépasser 100 ou 150 tonnes en plongée, tandis que les autres, à qui l’on demande davantage, atteindront aisément 350 ou 400 tonnes (en plongée, toujours), on songe naturellement à porter l’effort de la guerre sous-marine dans