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peu de temps encore, de petits sous-marins d’une soixantaine de tonnes qui satisfaisaient très convenablement aux « desiderata » que je viens de formuler. On les a condamnés pour faire plus grand. Il n’est pas certain qu’on ait fait mieux, j’entends pour l’objet précis que l’on devait viser dans ce cas.

Elevons-nous d’un échelon. On peut souhaiter que, tout en restant dans la catégorie générale des sous-marins défensifs, quelques-unes de ces unités puissent être chargées de la protection générale de la côte, de certains points stratégiques essentiels qui ne sont pas toujours dans le voisinage immédiat d’une base d’opérations maritimes. Il peut se faire, au surplus, que les circonstances géographiques ou hydrographiques mettent le défenseur dans l’obligation de porter assez loin du port proprement dit la zone de protection confiée à la garde des sous-marins. C’est ainsi, par exemple, que, pour couvrir Cuxhaven, un sous-marin allemand doit franchir d’abord les 18 milles marins qui séparent cette place maritime du véritable débouché de l’Elbe au-delà des Watten et des bas-fonds de la côte. Il est vrai que 18 milles plus au large encore, il y a Helgoland qui est la véritable couverture de la Deutschebucht. Mais ce que je viens de dire s’applique parfaitement à Emden. Quoi qu’il en soit, il résulte de là la nécessité d’augmenter le rayon d’action, le déplacement par conséquent, des unités prévues pour satisfaire à ces nouvelles conditions. Et comme, en même temps, la question d’endurance se pose dans sa généralité, qu’il faut admettre une meilleure habitabilité, aussi bien que la nécessité de recharger les accumulateurs avec les moyens du bord, le déplacement sollicite un nouvel accroissement et le problème du moteur se complique. On tend tout de suite au double appareil, celui de plongée et celui de surface, ce dernier se chargeant, par l’intermédiaire de dynamos appropriées, de raviver l’énergie du premier.

Au reste, nul changement, encore, dans l’armement. La torpille automobile suffit ; on peut même, à la rigueur, admettre des tubes extérieurs, si ce genre d’appareils peut se concilier avec les caractères essentiels du sous-marin pur.

Une remarque intéressante, que suggère l’examen du cas de l’estuaire de l’Elbe et d’ailleurs de tous les estuaires de la mer du Nord. Ce trajet qui sépare le port-base (Cuxhaven, Bremerhaven, Wilhelm’shaven, Einden) de la haute mer ne