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LES DERNIÈRES ANNÉES
DE
LA DICTATURE DE BISMARCK
NOTES ET SOUVENIRS
1887-1890

III[1]
LA CHUTE


I

A peine en possession de la couronne, Guillaume II voulut donner au prince de Bismarck un témoignage éclatant de confiance et d’amitié : il alla le voir à Friedrichsruhe. Une photographie populaire nous a conservé le souvenir de cette visite. On y peut admirer l’Empereur sur la pelouse du château, le chancelier à son côté. Quelques semaines plus tard, Bismarck rappellera avec complaisance les attentions dont il a été l’objet de la part du maître durant son séjour à la campagne.

— Vous vous souvenez, la dernière fois qu’il est venu ici, comme il était attentif et prévenant. Le soir, il fut tout étonné que j’eusse attendu jusqu’à onze heures et que je ne me fusse pas couché. Ah ! ce n’est jamais son grand-père qui m’aurait dit chose pareille ! Et le matin, ce fut lui qui m’attendit. Il se leva, contre toutes ses habitudes, à neuf heures parce qu’il croyait que je dormais toujours jusqu’à cette heure-là. Il entra dans ma chambre au moment que je me lavais et quand j’étais à peine

  1. Voyez la Revue des 1er septembre et 15 octobre.