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shrapnells. Malgré l’emploi relativement réduit de ceux-ci, le prix de l’antimoine a beaucoup augmenté. C’est que sa production annuelle n’est que de 20 000 tonnes à peine, dont les deux tiers viennent de la Chine et le reste des mines françaises. Avant la guerre, parmi nos ennemis, seule la Hongrie en produisait, et seulement environ 800 tonnes.


L’étain, qui donne le fer-blanc, la soudure, et entre dans la composition de certains métaux pour canons, est un métal de guerre d’une assez grande importance. On en extrait annuellement 120 000 tonnes. La Malaisie en produit la plus grande part, l’Angleterre un peu, l’Allemagne beaucoup moins. Les pays ennemis ont toujours eu besoin d’en importer beaucoup, leurs propres gisemens étant tout à fait insuffisans pour leurs besoins.


Le zinc a vu quintupler son prix depuis la guerre. Alors qu’auparavant il ne valait que les 2/3 environ du prix du cuivre, il coûte aujourd’hui plus que lui, bien que ce dernier ait également renchéri. Le zinc est un métal de guerre très important : il entre dans la constitution du laiton des cartouches, des douilles des balles et des obus, et dans celle des fusées de ces derniers. En outre, il sert à galvaniser les fils de fer barbelés dont il assure la conservation. En 1913, les principaux producteurs du zinc étaient les États-Unis, l’Allemagne et la Belgique. Les minerais proviennent surtout des États-Unis et de Nouvelle-Galles du Sud. La France, l’Espagne, l’Angleterre, et chez nos ennemis la Hongrie et le Tyrol en fournissent aussi. Ni d’un côté, ni de l’autre on ne manque de ce précieux métal.


Il n’en est point de même, de l’aluminium qui a pris dans cette guerre une grande importance. Grâce à sa légèreté, ce métal est devenu roi dans la guerre aérienne. Il sert à former l’armature et les pièces essentielles des légers avions et aussi chez nos ennemis des zeppelins ventrus, comme on peut s’en assurer en examinant aux Invalides les débris de celui que le commandant Beaucourt abattit l’an passé près de Nancy.

L’aluminium joue à d’autres points de vue encore un rôle important. C’est lui qui forme l’extrémité ogivale de la fusée de l’obus de campagne allemand (de 77 mm.). Nul ne l’ignore plus chez nous depuis que nos soldats ont pris l’habitude d’y tailler des bagues plus précieuses à celles qui les reçoivent que ne seraient des joyaux princiers.