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celle de Tafaigata, dans les îles Samoa. Le 12 septembre, la station de Bitapaka, dans la Nouvelle-Poméranie, subissait le même sort. Mais aucune de ces stations n’avait la valeur de celle de Kamina. Avec la destruction de ce poste devaient disparaître toutes les relations directes intercoloniales allemandes. Ce fait fut reconnu par la Gazette de Cologne dans ses numéros des 22 et 23 décembre 1914. Le grand journal rhénan ajoutait, d’ailleurs, que la tactique des Alliés provoqua dès le début un grand dérangement dans celle des Allemands.


De toutes les colonies allemandes africaines, le Togo se présentait, en cas de guerre, dans les conditions les moins favorables à la défensive. Cette terre ennemie était entourée par les possessions anglaises et françaises. Les Allemands exagèrent pourtant beaucoup quand ils disent que nous ne pouvions rencontrer aucune difficulté. Ils avaient préparé un excellent réseau de voies ferrées et routières et leur résistance avait été organisée avec une grande vigueur. Ce fut en se retirant sur Kamina, après l’abandon de la capitale, que le gouverneur allemand fit abattre la tour de télégraphie sans fil de Toglelekoje. En même temps, il fit sauter également le pont de chemin de fer sur la rivière Scio qui coule du Nord-Ouest au Sud-Est, et se jette dans l’Océan, non loin de Bagida et de Porto Seguro, localités côtières. Continuant à couvrir sa retraite, le major von Doering détruisît deux autres ponts, l’un à Atakpamé et l’autre à Paline.

Sur ces entrefaites, les Anglais occupaient Lomé. L’ennemi a reconnu, à ce propos, que la promesse faite par nos alliés de maintenir l’ordre et de protéger les propriétés privées, fut respectée scrupuleusement. Ainsi, même sous les tropiques, dans des conditions climatériques qui sont peu favorables au sang-froid et à la mesure, nous avons donné aux Allemands un exemple qu’ils se sont gardés d’imiter même en Europe !

Avant la prise de Lomé, le 6 août, les Anglais sommèrent le gouverneur allemand de se rendre. A cet effet, le capitaine Barker, commandant neuf compagnies à Addah, se présentait sous la protection du drapeau blanc. Il exposa au major von Doering que trois fortes colonnes anglaises se disposaient à franchir la frontière Ouest du Togoland. D’autre part, une