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Gardons-nous de croire que ce montant de près de 2 milliards de dollars représente une dette à découvert. Les certificats d’or, qui en constituent plus de la moitié, ne sont autre chose que la représentation d’une quantité de métal équivalente qui repose dans les caisses de la Trésorerie ; les 491 millions de certificats d’argent ont pour contre-partie 491 millions de dollars d’argent frappés en vertu de la loi Bland de 1878 et qui sont tenus dans les mêmes serres, à la disposition des porteurs de billets qui voudraient les réclamer. Les 346 millions de billets, émis lors de la guerre de Sécession et que l’on désigne du nom de greenbacks (les des verts), sont représentés par l’encaisse métallique du Trésor, dont une partie est immobilisée, jusqu’à concurrence de 150 millions, pour gager directement cette partie de la circulation, et dont le, reste se trouve dans les fonds libres du gouvernement. Au 30 juin 1915, les 1 942 millions de dollars portés au chapitre de la Dette sans intérêt étaient couverts par une encaisse de 1 885 millions. Le découvert est donc insignifiant. La dette réelle totale des Etats-Unis est d’environ 1 milliard de dollars, soit 5 200 millions de francs, 52 francs par tête d’habitant, alors qu’en France, à la fin de 1915, elle atteindra sans doute 1 500 francs, fardeau trente fois supérieur à celui qui pèse sur les épaules des Américains.

Les chiffres de la dette sans intérêt, à l’exception de celui des greenbacks, varient constamment, par suite des remboursemens de billets présentés au Trésor et de l’émission par lui de nouvelles coupures en représentation de l’or ou des pièces d’argent qui lui sont apportés.

Le budget fédéral a ressenti le contre-coup des événemens européens. Plus du tiers de ses recettes provient des recettes douanières, des droits sur les importations : la diminution de celles-ci entraînait forcément un déficit dans les rentrées budgétaires. Le gouvernement y a pourvu en faisant voter, le 22 octobre 1914, des taxes extraordinaires (emergency revenue act), qui sont estimées devoir fournir 54 millions à l’exercice 1914-1915 et 44 millions à l’exercice 1915-1916. La loi du 22 octobre 1914 a augmenté de moitié l’impôt sur la bière, établi de nouveaux droits sur les vins, imposé à raison d’un pour mille le capital des banques, édicté un droit de patente pour les courtiers de diverses catégories, les propriétaires de théâtres et de cirques, les fabricans et marchands de tabac. Un