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que les capitaux employés à l’établissement des voies ferrées devaient recevoir une rémunération légitime. Si la Commission arrive à mettre sur pied le rapport que lui a demandé la Chambre des représentans, elle aura fourni les matériaux essentiels à la solution du problème, tel que l’a posé devant l’opinion publique l’avant-dernier président républicain.

La Corporation de l’acier (United States Steel Corporation) est la société métallurgique la plus puissante des Etats-Unis. Elle produit à peu près les deux cinquièmes du fer et de l’acier de toute la Confédération. Son carnet de commandes et ses recettes sont un des baromètres qui permettent de juger la situation du pays. En juin 1915, le chiffre de ses affaires, qui était tombé à 1 million de dollars au mois de janvier précédent, s’est élevé à 11 millions. Elle avait, à cette date, des commandes pour 4 600 000 tonnes et travaillait aux dix-neuf vingtièmes, c’est-à-dire presque au plein de sa capacité maximum. Cette vive reprise était due à la fois aux ordres venus d’Europe pour les Alliés et à ceux que lui transmettent les compagnies de chemins de fer indigènes, particulièrement ceux de l’Ouest, à qui l’Interstate Commerce Commission a récemment accordé de légers relèvemens de tarifs, les mettant ainsi dans une meilleure situation financière et les encourageant à faire quelques dépenses de premier établissement.

Un autre facteur qui a contribué au relèvement de la Corporation de l’acier est l’arrêt rendu au mois de juin 1915 par la Cour fédérale de Trenton, qui a proclamé la légitimité de son organisation. La Corporation avait été attaquée par le gouvernement, comme beaucoup d’autres sociétés ayant cherché à grouper des affaires similaires ; elle était accusée d’accaparement. La poursuite était faite en vertu d’une loi connue sous le nom de loi Sherman, votée en haine des groupemens désignés en France du nom de trusts, bien qu’ils soient, en général, loin de répondre à la définition précise de ce mot. Dès 1911, sous la présidence de M. Taft, l’attorney general, qui correspond dans une certaine mesure à notre ministre de la Justice, avait institué des poursuites et essayé d’obtenir, par la seule menace de l’action judiciaire, la dissolution volontaire de la Corporation. M. Pierpont Morgan, son fondateur, s’y opposa énergiquement et déclara qu’elle était constituée sur des bases différentes du Standard Oil et de la Tobacco Company, qui