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l’occasion de dire (n° du 1er juin) combien étendus et pressans se manifestaient dans cette guerre les besoins en bâtimens légers. Rien que pour une surveillance à peu près efficace des atterrages du Cap Clear, des Sorlingues, d’Ouessant, il faudrait trois ou quatre fois plus de « destroyers » et de torpilleurs « sea-going, » — allant en haute mer, — que les alliés n’en peuvent fournir pour ce service. Il y a quelques mois, le chef de l’Amirauté anglaise se félicitait hautement de l’entrée en ligne des cuirassés « super dreadnoughts » du type « Queen Elizabeth. » Il ne parlait ni des destroyers, ni des sous-marins. Peut-être, aujourd’hui, s’exprimant sur le même sujet, son successeur réparerait-il ce significatif oubli. Espérons, en tout cas, que l’achèvement des unités lourdes n’a pas nui à celui des unités légères que l’Angleterre construisait en 1914 (« destroyers » des classes L et M ; sous-marins des catégories F, G, définitivement admises ; X, Y, Z, types d’expériences). On a d’ailleurs armé un grand nombre de bâtimens légers auxiliaires.

Passons dans la Méditerranée, et d’abord dans l’Adriatique. Ce serait, au demeurant, dans la mer Ionienne qu’il faudrait dire, s’il ne s’agissait que de notre armée navale. Celle-ci, en effet, a progressivement reporté du Nord au Sud, après l’arrêt des opérations contre Cattaro et les torpillages que l’on sait, le théâtre des croisières de son « gros, » les divisions légères suffisant d’ailleurs à surveiller le débouché Sud du canal d’Otrante.

Mais un élément nouveau est entré en ligne et son activité s’est aussitôt montrée intéressante. Tandis que des détachemens de contre-torpilleurs, de torpilleurs, de sous-marins, d’hydravions, — auxquels s’est joint un dirigeable, — opéraient avec des succès marqués dans le Nord de l’Adriatique et ne craignaient pas de s’attaquer à la base même de la marine autrichienne, à l’arsenal de Pola, le corps de bataille de la flotte du duc des Abruzzes s’avançait dans l’Atlantique moyen, en dépit de la menace des mines sous-marines (dont certains champs vont, a-t-on dit, jusque vers la limite des fonds de 100 mètres) et lançait un défi à l’escadre de Sa Majesté Apostolique. Il n’était pas probable que cet appel fût entendu. Les chefs autrichiens savent que, même sans l’appoint du gros de notre armée navale, retenue sans doute par des raisons de haute politique qui ne