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Je ne dis rien ici de la situation de la Hollande. Englobé dans la zone de blocus effectif tracé par l’Angleterre, ce petit pays ne peut plus concourir d’une manière sensible à l’alimentation de l’Allemagne et au ravitaillement de ses industries. Rotterdam et Ymuiden-Amsterdam, ne sont plus des ports allemands. D’ailleurs, s’il pouvait y avoir un doute sur l’état de l’opinion dans les pays Scandinaves, que les Allemands travaillent avec une ardeur inquiète, il n’en est pas sur les sentimens de la grande majorité des Hollandais à l’égard de leurs dangereux et impitoyables voisins. Les Allemands ont su faire ce qu’il fallait pour s’aliéner, là, non pas les cœurs qu’ils n’avaient jamais eus, ni les cerveaux, qui sont beaucoup plus différens des leurs qu’ils ne feignent de le croire, mais les intérêts, qui ne s’accommodent point du tout des audacieuses mesures dont ils menacent, après l’annexion de la Belgique, l’indépendance de la Hollande.


Laissons de côté les torpillages du haut de la mer du Nord et du Sud de la mer d’Irlande ou de l’entrée de la Manche. À cette plaie vive, qui ne laisse pas d’être cuisante, on sait bien aujourd’hui qu’il n’y a qu’un seul remède efficace ; c’est celui que je n’ai cessé de préconiser ici : une action conduite avec autant d’énergie que de méthode sur les bases allemandes, destruction complète pour les unes, barrage, fermeture hermétique et blocus étroit pour les autres. Pourtant, il convient de remarquer que les sous-marins allemands n’ont jamais compté de succès dans le Pas de Calais, alors que c’est là, en raison du capital intérêt de la sécurité des communications entre les deux rives du détroit, que leurs coups eussent été de beaucoup les plus sensibles. C’est que, dans ce passage étroit, les marines alliées ont pu accumuler les obstacles de toute nature, fixes et mobiles : barrages, mines, contre-torpilleurs, torpilleurs et sous-marins naviguant en surface (car c’est à ce rôle que sont réduits le plus souvent les nôtres, et je n’insiste pas sur un sujet particulièrement délicat). Malheureusement, ce qu’on a pu faire pour le Pas de Calais, il est clair qu’on ne pouvait même songer à l’entreprendre pour les vastes espaces de mer qui s’étendent au-delà du méridien de Cherbourg, par exemple. J’ai déjà eu