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leur reste de croiseurs de combat les « raids » qui leur réussirent assez mal l’hiver dernier. Il ne faudrait cependant pas s’y fier. Leur « Lützow » s’achève, peut-être aussi l’un des deux « Ersatz Victoria Luisa » et « Ersatz Hertha[1], » tant la production des chantiers de Wilhelm’shaven, de Schichau, à Danzig, de Blohm et Voss, à Hambourg est poussée avec énergie. Il ne faut pas croire que de ces chantiers, — et de tant d’autres que je ne cite pas, — ne descendent aujourd’hui que des sous-marins… Du moins y achève-t-on les grandes constructions commencées.

Toujours est-il que, depuis tantôt six mois, on ne voit à noter pour la mer du Nord que des torpillages de cargoboats et surtout de chalutiers de Lowestoft, de Hull, de North Shields. Une mention toutefois aux bombardemens exécutés sur la côte des Flandres par une force navale anglo-française qui, tantôt inquiète l’aile droite de l’armée allemande sans parvenir à la chasser des Dunes, tantôt s’acharne à « détruire » les installations du port de Zeebrüge avec une constance égale à celle que les Allemands mettent à les reconstituer, une fois cessée la pluie des projectiles.

J’ai déjà dit mon sentiment sur l’impuissance des Alliés à venir à bout de ce dangereux « nid de guêpes. » J’espérai un moment, au commencement de la ruée allemande aux précéda notre actuelle offensive en Artois, que l’on frapperait un coup vigoureux sur Zeebrüge, à la fois pour en finir avec cette base des sous-marins et pour menacer sérieusement le dispositif d’attaque de l’ennemi, en arrière de son flanc droit et à peu de distance, en somme, du réseau de ses lignes de communications. Tout s’est borné à un nouvel et inutile bombardement.

Au cours de janvier, on se le rappelle peut-être, les Anglais avaient exécuté une intéressante opération sur le littoral allemand avec une flottille de bâtimens légers qui accompagnait un groupe d’hydravions. De sérieux résultats avaient été obtenus dans ce « raid » brillant. En tout cas, on avait pu repérer les principales dispositions de défense des Allemands à Cüxhaven et les emplacemens occupés par les divers élémens de la « flotte de haute mer. » Cette expédition, dont la hardiesse

  1. Croiseurs de combat de 28 000 tonnes construits en remplacement (« ersatz ») des anciens croiseurs protégés « Victoria Luisa » et « Hertha. »