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matérielles, pour créer rapidement des moyens d’action nouveaux et en perfectionner d’anciens encore utilisables, pour produire beaucoup plus vite les armes et engins dont l’efficacité nous est déjà connue, pour faire descendre au plus tôt des chantiers navals les unités légères dont on avait imprudemment arrêté la construction et dont le besoin se fait si vivement sentir.

Il faut le forcer encore en opérant, sans marchander, au sein de notre organisme intérieur, militaire, politique, social, les changemens que tout le monde sent indispensables, — mettre chacun à sa place, quand de si grands intérêts en dépendent, est-ce donc si difficile ! — et les réformes pratiques que l’expérience de dix mois de guerre révèlent urgentes, sans négliger de descendre jusqu’aux questions d’alimentation quotidienne qui, si l’on n’y prend garde, vont prendre une acuité fâcheuse…

Il faut forcer enfin le succès, même après l’entrée si heureuse de l’Italie dans la lice, en attirant d’autres concours qui hésitent encore, mais qui nous viendront décidément quand les gouvernemens alliés, pris dans leur ensemble, sauront y attacher les rémunérations convenables.

Mais ce sont là des généralités. Un examen détaillé des dernières opérations sur les divers théâtres de la guerre nous permettra sans doute d’établir quelques précisions.


Voyons d’abord la Baltique.

On sait que la marine allemande y domine. Au moment où la guerre a éclaté, les chantiers de Pétrograd et de Rêvai portaient encore la plupart des unités de Combat, des éclaireurs de tout rang et des sous-marins dont la construction résultait de l’ancien programme de 1909, complètement remanié en 1912. Il est clair que les plus grands efforts ont été faits pour hâter l’achèvement de ceux de ces navires dont l’état d’avancement était tel que l’on pouvait escompter leur participation aux opérations du conflit actuel. Il n’est pas aisé de savoir où en est actuellement l’escadre russe et dans quelle mesure ont pu être renforcés ses quatre cuirassés un peu anciens, ses cinq croiseurs cuirassés (le sixième, la Pallada, fut torpillé l’automne dernier) et ses bâtimens légers, déjà nombreux, du reste. Mais ce qui est