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définitions, qui, à des titres divers, valent qu’on les reproduise, et éclairent le sujet.

Chateaubriand voit avant tout dans l’amour de la patrie un instinct mis au cœur des hommes par la Providence, afin qu’ils restent parqués dans les pays qu’elle leur a assignés, et ne soient pas tentés de se ruer vers les climats tempérés, au risque de laisser désert le reste du monde. D’après cette théorie, la patrie ne serait guère qu’un accident de l’instinct et une sorte de caprice de la Providence. Mais comment concilier cette explication poétique avec les nombreuses invasions des peuples du Nord dans le Midi ? Il est vrai que Chateaubriand ajoute : « Nous sommes attachés au sol natal, peut-être par le sourire d’une mère, d’un père, d’une sœur… » Oui, et par bien d’autres liens. Et enfin il affirme que le patriotisme perd en force à mesure qu’il gagne en étendue : l’histoire de France, d’Angleterre, de Russie, des Etats-Unis, nous présente de tout autres enseignemens. Cependant il y a la une part de vrai : en général, l’homme n’aime bien que ce qui est près ; de là le goût des petites patries. « Revenez, écrivait une femme à son ami ; si j’avais pu aimer un absent, j’aurais aimé Dieu. »

« On se doit à sa patrie sous tous les gouvernemens qu’elle accepte ou qu’elle se donne. »

Maréchal BUGEAUD.


« L’amour, voilà le vrai principe ; l’amour, c’est-à-dire l’unité acceptée, voulue, consacrée par des souffrances communes et des dévouemens réciproques, l’unité cimentée par le sang et les larmes des générations, voilà la patrie. Elle n’est pas ailleurs. »

E. CARO.


« La patrie, est un composé de corps et d’âme ; l’âme, ce sont les souvenirs, les usages, les légendes, les malheurs, les espérances, les regrets communs ; le corps, c’est le sol, la race, la langue, les montagnes, les fleuves, les productions caractéristiques… Une communauté d’hommes qui, ayant accompli de grandes choses ensemble, veulent ensemble en accomplir encore. »

ERNEST RENAN.


« Nous portons en nous-même comme une image vaste et détaillée de toute la France dans l’espace et dans le temps, de sa terre, de ses campagnes, de ses neuves, de ses villes ; de son