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devait-elle pas, suivant l’opinion du chancelier exprimée dans son télégramme du 4 août au prince Lichnowsky, entraîner un traitement semblable de sa voisine ? La conversation, où M. Zimmermann a fait maladroitement miroiter au regard du socialiste néerlandais Troelstra l’invitation qui serait adressée à la Hollande, après la guerre, d’entrer dans le Zollverein, premier stage de la germanisation, a achevé de dessiller les yeux de nos amis hollandais sur les desseins de l’Allemagne à leur sujet. Et le Danemark, qui possède une des clefs de la Baltique, peut-il ignorer, après la cruelle expérience qu’il en a faite, les appétits dévorans de son formidable voisin ?

Ce tableau, nullement chargé, des félicités qui nous étaient réservées, en cas de victoire germanique, doit montrer à mes concitoyens que, pour y échapper, notre Roi et notre gouvernement ont suivi la seule voie qui restât ouverte dans un calvaire hérissé de douleurs, celle de l’honneur. Il fallait en effet défendre les armes à la main, au prix du sang le plus pur de la nation, une indépendance, que les Allemands, vainqueurs de la France, nous auraient refusée avec d’autant plus de mépris que nous aurions eu la faiblesse de les écouter et la lâcheté de leur obéir.


BEYENS.