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présent tout au moins, d’autres desseins que de favoriser la fondation d’une nouvelle dynastie.

Les nuages portant la tempête s’amoncelaient donc sur la tête du souverain-président et aussi sur le pays dont il assume la direction. Les demandes formulées étaient graves ; elles faisaient l’effet de coups de canon tirés en pleine paix, et paraissaient tendre à faire de la Chine une sorte de vassale. D’abord, afin d’établir son autorité dans la Mongolie orientale, riche territoire minier, le Japon exigeait des privilèges spéciaux en matière de mines et de chemins de fer ; le gouvernement de Pékin devait s’engager à n’accorder, dans cette région, aucun droit à aucune Puissance sans l’assentiment du Japon. Les sujets du Mikado devaient pouvoir, en outre, s’installer dans cette partie de la Mongolie, y posséder, y cultiver, y faire du commerce sans entraves. Des exigences du même genre étaient formulées quant à la Mandchourie méridionale. Dans la presqu’île du Liaotong, le bail de Port-Arthur et de son territoire devait être prolongé de quatre-vingt-dix-neuf ans. Quant à la province du Chantong, où se trouve Tsingtao, non seulement tous les droits dont jouissaient les Allemands dans ce territoire devaient être reconnus maintenant au Japon, mais celui-ci devait leur être substitué en ce qui concerne mines, chemins de fer, etc., de cette province.

La note exigeait également un droit de contrôle et d’autorisation sur les emprunts relatifs à la province du Foukien ; située sur le Pacifique, en face de Formose. Il fallait que la Chine s’engageât à ne céder aucun droit à aucune autre Puissance, sans le consentement du gouvernement du Mikado. Pour mettre une main solide sur le centre du pays également, on réclamait le contrôle des grandes usines de Hanyang, situées près du Fleuve Bleu et de Hankéou, à douze cents kilomètres des côtes, là se trouvent d’importantes fabriques d’armes. La région communique par terre avec tout le centre du Nord de la Chine par le chemin de fer de Hankéou à Pékin. Les mines de fer de Tayé, les mines de charbon de Pinghiang étaient aussi demandées.

Enfin, le Japon réclamait des conseillers effectifs dans les diverses branches de l’administration et il prétendait qu’aucun conseiller étranger ne fût admis auprès du gouvernement sans son autorisation.

Telles étaient les principales exigences formulées soudain.