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de juillet, avant que la guerre, ne fût déclarée en Europe, le service des renseignemens japonais avait constaté qu’on mettait Tsingtao en état de défense, que l’on entassait dans les forts défendant la ville approvisionnemens et munitions. Mais quelles que pussent être les précautions prises par la minutieuse prévoyance allemande, Tsingtao ne pouvait échapper à son destin. Comment les troupes, nécessairement peu nombreuses, chargées d’assurer la défense de la colonie, auraient-elles pu espérer résister longtemps à l’armée japonaise ?

A la veille des hostilités, la garnison allemande de Tsingtao ne comprenait que cinq compagnies d’infanterie, une compagnie d’infanterie montée, une batterie d’artillerie de campagne, cinq batteries d’artillerie lourde et une compagnie du génie. soit environ deux mille hommes ; mais ce chiffre fut doublé par l’addition d’un bataillon d’infanterie, d’une batterie de campagne, venue des garnisons du Nord, et des réservistes, commerçans, employés, etc., résidant en Chine. Cent pièces de canon environ garnissaient les forts protégeant la ville ; une partie de ces pièces provenait des canonnières inutilisables. De l’avis des spécialistes, les défenses de la place étaient plus fortes que celles de Port-Arthur, lorsque les Japonais l’attaquèrent. Les croiseurs les plus puissans de la station navale avaient été envoyés dans le Sud ou vers les côtes du Chili au début de la guerre, il ne restait dans la baie qu’un croiseur de troisième classe, quatre canonnières, deux contre-torpilleurs et un croiseur converti. Mais ces faibles moyens de défense se trouvaient multipliés par la puissance et l’excellente position des cinq forts de première ligne dont : le de Moltke, le Bismarck, l’Iltis, plus quatre forts de seconde ligne faisant face à la mer et armés de grosse artillerie. Des fortifications de campagne avec réseaux de fil de fer reliés à une station électrique complétaient la défense de la place. Pendant tout le début du mois d’août, la garnison poursuivit les travaux de tranchée autour et devant les forts, malgré des pluies abondantes. Enfin, elle sut, après le 19, qu’elle devrait résister au Japon lui-même.


Les troupes qui allaient avoir la tâche glorieuse d’abattre la puissance allemande sur le continent asiatique furent mises sous le haut commandement du général Kamio. Leur chiffre